Algérie

La diaspora algérienne une voix et une voie



Publié le 05.08.2024 dans le Quotidien l’Expression

L'Algérie est dépositaire d'un potentiel humain, culturel, scientifique, économique et politique inégalé. La diaspora algérienne est un trésor national mais, malheureusement, elle n'a jamais été prise en charge par les pouvoirs politiques successifs. Souvent, on regarde notre diaspora d'un oeil douteux ou méprisant. Elle est marginalisée et peu considérée. Des préjugés et des attaques la suivent en permanence. Elle est diabolisée.
C'est triste.
On n'a pas investi dans le génie de cette force politique, économique et culturelle dormante. Et parce que les pouvoirs politiques depuis l'indépendance ne s'intéressaient pas à cette importante tranche de notre population, cette dernière, de son côté, a tourné le dos à son pays. C'est comme la réponse du berger à bergère! Tout est récupérable. Il suffit d'une volonté politique et civilisationnelle pour que l'eau revienne à son cours. La diaspora algérienne installée en France, pour ne parler que de celle-ci, atteint les cinq millions de personnes, selon des statistiques non officielles. Cette importante diaspora dans la quantité et dans la diversité a produit, depuis les années vingt du siècle dernier, des élites influentes et opérantes, directement ou indirectement, dans le pays d'accueil.
Derrière cette forte présence, il y a une machine idéologique et médiatique qui essaye de rabaisser, d'amocher, de diaboliser l'image de la diaspora algérienne.
Ainsi, l'image d'un Algérien et d'un Maghrébin délinquant vivant en France est exploitée par les médias de l'extrême droite pour éclipser, faire oublier, l'autre image de la diaspora positive, active et créatrice de richesses.
C'est dans le milieu du mouvement syndicaliste français, communiste notamment, que la diaspora algérienne des années vingt a adopté les premières idées du nationalisme moderne et de l'indépendance.
Sur le plan culturel, depuis les années cinquante, les intellectuels algériens, encore sous la colonisation, ont commencé à s'imposer dans la littérature, à l'instar de Mohammed Dib, de Kateb Yacine, de Malek Haddad, de Jean Amrouche, de Taos Amrouche, de Mouloud Mammeri, de Mouloud Feraoun, de Assia Djebar, de Nabil Farès, de Mourad Bourboune. En France comme en Algérie coloniale, leurs textes, par leur contenus rebelles et contestataires, faisaient la fierté des indépendantistes et la colère des colonialistes. Cette diaspora littéraire continue de nous surprendre par la qualité de sa littérature et par son implication courageuse dans la réalité de la société algérienne. Mais, malheureusement, nous n'avons pas pu, nous n'avons pas su, réconcilier ces plumes avec leur pays d'origine, l'Algérie. Il est temps que cette diaspora littéraire et intellectuelle dispersée se réunisse dans une atmosphère démocratique et libre. Cette diaspora, par sa production littéraire, est le meilleur ambassadeur capable de cultiver une image de la culture algérienne plurielle et diverse.
Le génie de la diaspora algérienne ne se limite pas à la production de la bonne littérature, des noms d'élites artistiques s'imposent de plus en plus, de génération en génération, dans d'autres domaines: le cinéma, l'art plastique, le théâtre, la musique et la communication.
Notre diaspora est féconde et productrice. Les célébrités ne cessent de nous surprendre dans le domaine scientifique et technologique. On enregistre avec fierté les noms de milliers de professeurs de renom en médecine, des chercheurs dans les laboratoires mondiaux et référentiels. Ils font honneur à leur pays d'origine, au pays d'adoption et à l'humanité. Les institutions de santé publique ou privée regorgent de capacités algériennes. Mais là aussi, il n'y a aucun organisme fiable ou association crédible capable de regrouper cette force créative afin de la mettre, loin de toute machination idéologique ou récupération politique, à la disposition de l'économie et de la science dans son pays d'origine.
Ils sont nombreux les scientifiques algériens qui occupent des chaires dans les grandes universités françaises ou ceux qui dirigent des centaines de groupes de recherches dans des centres de recherches renommés, dans tous les domaines, mais les universités algériennes ne profitent pas de cette matière grise, bien au contraire; elles leur ferment les portes au nez, rejetant toute coopération avec eux.
La nouvelle génération de la diaspora algérienne ne se contente pas de sa présence dans l'économie, l'industrie, la culture, la science et l'administration, elle fait son entrée dans la politique. On a remarqué l'intérêt que porte cette diaspora à la scène politique française ou européenne. Ce qui est demandé à l'Algérie d'aujourd'hui, c'est le recensement de toutes nos capacités créatives à l'étranger. Ouvrir un dialogue transparent, démocratique et libre avec cette diaspora loin de toute récupération politique ou idéologique. Et le gagnant de toute cette démarche, c'est l'Algérie de demain, l'Algérien de demain.
L'Algérie plurielle a besoin, en toute urgence, de tous ses enfants, ceux de l'intérieur comme ceux de l'immigration.
Amin Zaoui

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