Algérie

La devise ou le bon sens



Les Algériens ne rapatrient que peu de devises, contrairement aux pays voisins comme la Tunisie ou le Maroc. Cela semble contrarier davantage l?Etat algérien au point où Bouteflika a dû en faire mention lors de son discours prononcé lors de la célébration de la fête de l?indépendance. Le message est pour le moins curieux. Pourquoi le sujet est-il si important ? Le pays a engrangé beaucoup de devises ces dernières années avec le renchérissement des cours du pétrole. En plus, selon les données les plus récentes fournies par le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD), « les récentes évolutions des transferts des migrants algériens indiquent sa nette supériorité en rapport aux investissements directs étrangers et l?aide au développement. Si l?aide a été nettement en deçà du niveau des transferts, les IDE ont dépassé les transferts seulement en 2001 ». Ce constat vaut pour la période entre 1998 et 2004. Où serait alors la vraie question ? Celle-ci serait-elle justifiée par un quelconque sursaut de compétitivité patriotique avec nos voisins tunisiens ou marocains ? Car, enfin, les ressortissants algériens ne sont-ils pas libres de disposer de leur argent comme il leur convient ? Et puis, quand bien même il serait possible d?établir un tableau de comparaison sur ces transferts, il ne serait pas judicieux de désigner la responsabilité de ceux dont c?est le rôle de tout faire pour attirer les capitaux des Algériens à l?étranger. Mais, auparavant, le bon sens commande déjà de faire un bon usage de l?argent de la collectivité et des contribuables et de veiller à ce qu?il y ait le moins possible de gaspillage et de dilapidation des deniers publics. L?action publique requiert d?abord la bonne gouvernance des finances publiques. Ensuite, il faut que le pays dispose d?une stratégie à même de diminuer la dépendance du marché de l?importation, de compenser les flux de rapatriement des bénéfices par les entreprises étrangères installées sur notre sol non par les transferts de l?argent des émigrés mais par les produits d?exportation. Quant au transfert de la devise, la question paraît davantage liée par contre à l?absence de facilités bancaires offertes par l?Algérie certes. Mais aussi, et l?argument n?est pas négligeable, aux diverses questions que sont l?émigration algérienne en France et les questions qu?elle soulève comme la double nationalité et le regroupement familial. Méditatif, non ! Après tout, la France est de loin le pays d?accueil de notre émigration.


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