Algérie

"La deuxième vague sera plus virulente"



Notre interlocuteur précise qu'une double contamination au Covid-19 et au virus grippal induit des complications graves dans l'état du patient. Il s'est avéré, en outre, que l'immunité n'est acquise que pendant quelques semaines.Liberté : Le nombre de patients positifs à la Covid-19 repart à la hausse. Comment déterminer la ligne entre la première et la deuxième vague si l'Algérie n'a pas enregistré zéro cas depuis le début de l'épidémie '
Pr Kamel Djenouhat : La deuxième vague est dans la continuité de la première car, à aucun moment, nous n'avons enregistré, effectivement, zéro cas détectable. Ce sont les patients, qui ne sont pas guéris, qui l'ont enclenchée. Il faut comprendre qu'une personne infectée par la Covid-19 est contagieuse deux à trois jours avant l'apparition des symptômes et trois à quatre jours après. En revanche, sept jours après la symptomatologie, elle ne représente plus aucun risque pour les autres, à condition qu'elle ne fasse plus de fièvre depuis au moins quarante-huit heures.
Pensez-vous que l'Algérie dépassera le pic de 600 cas positifs en 24 heures '
L'Algérie est l'un des pays qui fait le moins de tests PCR. Si le bilan officiel est de 250 cas, il faut multiplier le chiffre par huit. Ce qui donne 1 500 à 20 00 cas positifs par jour.
Actuellement, deux patientes réinfectées par le virus sont admises à l'hôpital. La thèse de l'immunité acquise après une première contamination est-elle donc écartée '
Nous sommes confrontés à une infection nouvelle, dont nous apprenons tous les jours. En juin dernier, nous étions rassurés par les études chinoises qui affirmaient qu'il n'y a eu aucun cas de réinfection depuis le mois de février. Nous nous sommes dit que l'immunité acquise serait durable. Sauf que nous n'avions pas pris en compte un élément important : en Chine, il n'y a pas eu de deuxième vague. Il s'est avéré qu'à l'EPH (établissement public hospitalier, ndlr) de Rouiba, nous venons de recevoir deux patientes guéries de la Covid en juin, qui présentent la même symptomatologie et des PCR positives. Heureusement que la charge virale est plus faible. Au niveau du secteur sanitaire Alger-Est, nous sommes en train de réaliser une étude sur l'immunité collective, en nous basant sur une sérologie des donneurs de sang. Le statut immunitaire a atteint 20 à 25% (proportion de la population ayant été en contact avec le coronavirus dans cette zone de la capitale, ndlr). Nous sommes encore loin de l'immunité collective de 70% requise. Comme je l'ai mentionné, cette immunité n'est pas durable.
Justement, les cas de la deuxième vague seront-ils moins graves '
C'est avec une grande tristesse et regret que je vous informe que la deuxième vague sera très virulente, car elle va chevaucher avec la grippe saisonnière. Des études récentes ont montré que lorsqu'il y a association des deux virus (coronavirus et syndrome grippal, ndlr) chez un même malade, les risques de l'évolution vers les formes sévères, voire la mortalité, sont augmentés de 2,7. Nous entamerons cette période critique au mois de novembre. Pour éviter la double infection, il faut absolument observer les mesures barrières, soit une distanciation d'un mètre et demi et le port de la bavette. Le vaccin antigrippal ne protège, certes, pas contre la Covid-19. Je recommande aux malades chroniques, aux obèses et aux personnes qui présentent une comorbidité de se faire vacciner contre la grippe saisonnière.
Comment faire la distinction entre un syndrome grippal et une contamination au Covid-19 '
Sur les plans clinique et symptomatologique, il est très difficile de faire la différence entre les deux infections. Les signes communs sont l'asthénie, la fièvre et la toux. Quand le patient se plaint de troubles digestifs, d'une migraine intense, d'une anosmie (perte de l'odorat) et d'une agueusie (perte du goût), le diagnostic plaide pour la Covid. Seuls les tests biologiques, dont la PCR, tranchent entre les types de contamination. Avec l'indisponibilité des kits PCR, il est désormais possible de recourir aux tests antigéniques, beaucoup moins chers, soit environ de 3 000 à 4 000 DA.

Propos recueillis par : SOUHILA HAMMADI


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