Algérie

La dette des Etats-Unis perd son triple A: Un séisme financier sans précédent


La dette publique des Etats-Unis a perdu sa note «triple A». La décision de l'agence de notation Standard and Poor's (SP) de l'abaisser à «AA+» avec perspective «négative» est sans précédent dans l'histoire des Etats-Unis, au point de laisser les analystes indécis sur ses conséquences.

Le département du Trésor américain conteste et accuse SP d'avoir fait de graves erreurs de calculs. Il n'empêche que la dégradation de la note de la dette américaine participe du même mouvement de crise des dettes souveraines qui fait trembler les Bourses mondiales, depuis plusieurs jours. Les conséquences prévisibles de cette perte du triple A sont une augmentation des taux d'intérêts sur la dette américaine, un impact sur la valeur du dollar et sur les bons du Trésor. La situation inquiète, en tout cas, les créanciers des Etats-Unis dont le plus important, la Chine, hausse le ton, à travers un commentaire de l'agence «Chine Nouvelle». «La Chine, premier créancier de la seule superpuissance mondiale, est dorénavant dans son droit d'exiger des États-Unis qu'ils affrontent le problème de leur dette structurelle et assurent la sécurité des actifs chinois en dollars», écrit «Chine nouvelle» en appelant à une «surveillance internationale sur la question du dollar américain et une nouvelle monnaie de réserve, stable et sûre, peut aussi être une option pour éviter qu'une catastrophe soit provoquée par un seul pays». Pékin qui détient plus de 1.000 milliards de dollars de la dette pourrait Å“uvrer à accélérer la diversification de ses actifs.

Une baisse de 1% de la valeur des bons de Trésor américain se traduit par une perte de 11 milliards de dollars. «Le gouvernement américain doit se résigner à un état de fait douloureux : le bon vieux temps où il n'avait qu'à emprunter pour se tirer du pétrin qu'il avait lui-même créé est terminé», martèle l'agence officielle.

Krach rampant

Ce séisme financier intervient dans un contexte de krach rampant sur toutes les places boursières en Europe et en Asie. Les marchés pourraient considérer que la dégradation de la dette américaine vaut également pour les autres pays occidentaux et notamment en Europe où la crise des dettes souveraines se pose avec acuité. L'ambiance de panique a augmenté d'un cran avec des informations sur de mauvaises performances des économies (Etats-Unis, Japon, Europe). Elles sont venues s'ajouter aux inquiétudes sur les dettes de l'Italie, de l'Espagne et de la Belgique qui créaient depuis plusieurs semaines, une situation d'incertitude sur les marchés. Les Etats qui ont lancé des très coûteuses opérations de sauvetage des banques pour faire face à la crise des «subprimes» subissent aujour-d'hui le retour de bâton. La crise de la dette privée, celle des banques, a été transférée aux Etats. La dette publique des Etats est donc «naturellement» l'objet de manÅ“uvres spéculatives. L'Espagne est parvenue à lever plus de 3 milliards sur le marché obligataire mais à un prix très élevé (4,8%) qui l'a fait renoncer à une autre émission prévue le 18 août. Alors qu'un risque de contagion était manifeste, la Banque centrale européenne est critiquée pour ne pas avoir envoyé des signaux rassurants.

Déficit de confiance… l'or flambe

La crise est alimentée par un sérieux déficit de confiance qui fait que les banques américaines répugnent à prêter à des banques européennes dont l'exposition aux dettes publiques est jugée trop importante. En outre, l'Europe démontre encore une fois, pour des raisons structurelles, d'un manque certain de réactivité. La Banque centrale européenne devrait pouvoir acheter des obligations espagnoles et italiennes mais elle doit attendre que la disposition qui le permet soit ratifiée par les 17 gouvernements de la zone euro… ce qui pourrait aller jusqu'en octobre. Deux longs mois où les spéculateurs pourront s'en donner à cÅ“ur joie. Les investisseurs ont eu tendance à se retirer du marché obligataire pour se placer vers les monnaies fortes (franc suisse, yen japonais) créant ainsi un phénomène de spéculation monétaire. Du coup, cela a une incidence sur les capacités d'exportation des pays concernés. Mais comme toujours dans les contextes de crise, c'est l'or qui reste la valeur-refuge par excellence. Le métal jaune a approché les 1.700 dollars l'once. Cette tempête qui s'abat sur les marchés n'a rien de conjoncturelle et réveille le spectre de la récession. Alors que la dégradation de la notation de la dette publique américaine envoie un message très pessimiste, l'absence d'un centre de décision unique en Europe et les tergiversations qui en découlent, aggravent la perception d'une situation sans perspectives.


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