Cet article sur la désertification et ses effets pervers sur notre sécurité alimentaire, voire sur notre survie en tant que Nation, m?est inspiré par la journée d?étude organisée par la direction générale des forets de Relizane, pour marquer la journée mondiale pour la lutte contre la désertification. Cette journée correspond au 17 juin 1994, date d?adoption de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification et la sécheresse, entrée en vigueur en 1996. Au-delà de son caractère purement technique, cette rencontre devrait trouver son prolongement dans une action plus directe de l?engagement de tous les citoyens, dès lors que leur survie en dépend. Cela veut dire qu?il faille dépasser le stade du discours cyclique à caractère événementiel et faire de cette question, un risque majeur à inscrire au premier plan des préoccupations de l?Etat algérien. Ceci en raison du fait, qu?il hypothèque tous les efforts que notre pays a consenti pour asseoir un maillage infrastructurel approprié et les conditions favorables à un décollage économique, en forgeant les avantages comparatifs à l?échelle des diverses régions de notre territoire. Cet effort colossal de relance économique déployé depuis l?année 2000 et qu?on ne saurait ignorer, n?aurait en fait aucune signification, s?il n?est pas accompagné par une stratégie d?action, à hauteur du risque latent du phénomène de la désertification et de ses effets induits, tel : l?ensablement des infrastructures économiques (voie de chemin de fer, axes routiers) et des établissements humains pouvant s?accompagner comme ce fut déjà le cas, dans les régions du Sud, par des exodes massifs de population et par conséquent une surcharge de nos villes qui ont pour la plupart atteint leur limites de croissance. Cela pose au plan moral, la question de la responsabilité de l?Etat et de ses agents de développement, face à la question de la préservation des équilibres fragiles de nos écosystèmes, de la revitalisation de nos campagnes dans le contexte d?une stratégie de lutte contre l?exode et la pauvreté. La question de la désertification revêt aujourd?hui, un caractère prioritaire d?autant plus que notre pays, se trouve également pris dans les risques et les impacts des changements climatiques déjà visibles. Ces changements et leurs répercussions seront de plus en plus considérables qu?il nous faut dès à présent, imaginer une agriculture intelligente, ou arido-culture, moins consommatrice d?eau et d?intrants agricoles, des espèces résistantes à l?aridité, aux maladies, une irrigation maîtrisée et d?autres techniques qui répondent à ces nouvelles exigences pédo-climatiques de nos diverses régions. Comme il convient également d?adapter cette agriculture à notre sécurité alimentaire, autrement dit, une agriculture orientée sur les produits de première nécessité, dont notre pays reste dépendant à plus de 70% des autres pays (France, Etats-Unis, Argentine, Canada?). Mais comment y parvenir lorsque l?on sait que le foyer principal de cette désertification, autrement dit, la steppe dont dépend le pastoralisme et nos besoins en protéines animales reste régi par une gestion administrative en décalage avec les intérêts des populations pastorales qui aspirent à un statut qui tarde à venir ! Quand on sait aussi que les terres agricoles de haute valeur agronomique des régions du Nord restent soumises à de fortes prédations et une gestion anarchique de la part des exploitants (EAC- EAI), et de collectivités locales peu soucieuses de l?intérêt de ce foncier agricole, de par les pressions exercées en matière de besoin d?équipements et d?habitat. Il s?agit en fait de se déterminer par rapport à notre devenir en tant que nation en inscrivant nos actions dans une démarche et une attitude responsable qui considère la question de la gestion du foncier agricole comme une condition de survie dont dépendent les générations futures. Dans tout cela, l?on nous dira que l?Algérie a déployé bien des efforts au titre de la lutte contre la désertification, à travers la réalisation d?un barrage vert et d?un vaste programme de reboisement. Mais ce que l?on oublie de dire, est que toute action non concertée et non acceptée par la population locale est forcément vouée à l?échec. Il s?agit en fait d?établir de façon consensuelle, un vaste programme vert pour les décennies à venir qui puisse rétablir l?espoir d?une convivialité retrouvée et d?une conciliation des citoyens avec leur Etat, dans le principe d?une responsabilité partagée autour de la question du développement durable qui commande l?implication citoyenne en tant que facteur de réussite et de préservation des équilibres écologiques. L?organisation de cette rencontre à Relizane prend la valeur de symbole, dès lors que cette wilaya à vocation agricole est fortement marqué par la salinisation de ses sols, jadis valorisés par la culture de l?artichaud, à l?instar des régions de Mohammadia et de Sig et qui a enregistré ces dernières années, des résultats bien que timides, dans ce domaine. C?est de cet effort continu dans cette voie que sera réhabilité la prospérité de cette région agricole qui pourra renouer avec l?exportation d?artichauds, participant ainsi à l?équilibre de notre balance alimentaire.
Tel est le v?u que je formule à l?occasion de cette manifestation qui devrait interroger notre conscience nationale.
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* Magister en Sc. agronomiques
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Posté Le : 23/06/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Halem Massica *
Source : www.lequotidien-oran.com