Algérie

La déroutante insouciance des Algériens



L'épidémie du coronavirus qui prend de l'ampleur en Algérie ne semble pas inquiéter les gens. Pour la plupart d'entre eux, la vie continue comme si de rien n'était. Les hôpitaux et les établissements publics de santé de proximité ont gardé le même afflux. Pourtant, quatre décès dus au Covid-19 sont à déplorer.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La légèreté avec laquelle les Algériens prennent le coronavirus et sa propagation est inouïe. Les différents services publics restent envahis de monde à l'exemple des hôpitaux et des établissements publics de santé de proximité.
Le CHU Mustapha-Pacha, à Alger, en est la plus grande preuve. Ses allées comme ses services ne désemplissent pas. A peine l'entrée principale franchie, l'image de deux femmes et trois enfants en bas âge, installés sur la bordure qui longe le mur de clôture, attire l'attention. Tandis que les trois bambins croquent des barres de chocolat, les deux femmes, elles, papotent. Le téléphone sonne. L'une d'entre elles répond avant de lancer à la deuxième : «Il arrive.» Elles semblent attendre qu'on vienne les chercher après un rendez-vous médical. Mais pourquoi emmener trois gosses dans un hôpital avec le risque du coronavirus qui plane '
Les différents services du CHU Mustapha-Pacha étaient, hier dimanche, comme à l'accoutumée, pleins de monde. Ceux des urgences chirurgicales et urgences médicales sont les plus submergés. Visiblement, ils ont gardé le même afflux.
A l'entrée des urgences chirurgicales, les agents de sécurité portent des masques chirurgicaux. Les agents d'accueil et tout le personnel médical portent, eux aussi, des bavettes. Entre la réception des cas d'urgence et leurs accompagnateurs qui vont aux renseignements, les allers-retours ne cessent pas dans le grand hall. A l'extérieur, des groupes de personnes sont postés juste en face du bâtiment de ce service. Les yeux rivés sur la porte d'entrée, des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes et même des enfants guettent avec impatience des nouvelles de leurs proches ou amis admis aux urgences. Certains d'entre eux finissent par craquer et céder aux larmes. Alors que les masques sont absents, ici, les enlacements sont monnaie courante pour se consoler. Face à l'inquiétude et à la peine de ces gens, le spectre du coronavirus qui plane s'est carrément effacé.
Même affluence du côté du Centre Pierre-Marie-Curie, situé à l'intérieur du CHU Mustapha-Pacha. Sa petite cour ne désemplit pas. Des groupes de personnes attendent l'heure des visites des malades. Parmi eux, des couples avec des enfants et même des nourrissons. La plupart d'entre eux portent des masques chirurgicaux. Seulement, ces bavettes sont loin de pouvoir les protéger dans le cas où ils seraient en contact avec une personne contaminée par le coronavirus.
Installée dans le coin de la petite cour, une jeune femme retire son masque. «Pourquoi tu l'as
enlevé '», lui reproche l'homme assis à côté d'elle. «Normal», lui répond-elle, avant d'ajouter : «Lorsqu'une chose est écrite dans ton destin, tu la vivras quoi qu'il en soit». Une réplique qui dénote le niveau d'inconscience de certaines personnes.Même constat à l'Etablissement public de santé de proximité (EPSP) Sidi-M'hamed-Bouchenafa, à Belouizdad. Dans la grande salle d'attente, seuls les infirmiers portent des bavettes et, parfois, des gants en latex. Les malades, eux, ont pris place sur les nombreux sièges et attendent leur tour pour une consultation.
En attendant, ils s'adonnent à de longues discussions. Le coronavirus, les nouveaux cas de contamination et les cas de décès sont, bien évidemment, dans les bouches de tous.
Pour ces patients, la seule protection reste les longues prières. «Que Dieu nous protège !», lancent-ils tour à tour au fil de la discussion.
Ry. N.


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