Algérie

La dernière mort du tracteur



Il fut un temps où la Foire internationale d?Alger était surtout un passe-temps pour les Algériens, un parc de loisirs industriel où les enfants allaient chercher des dépliants en couleurs - c?était avant la libéralisation des métiers de l?imprimerie - et les adultes détailler les hôtesses blondes venues d?ailleurs - c?était avant l?apparition des teintures pour cheveux. Aujourd?hui, le pays a bien changé, tournant définitivement le dos aux kolkhozes et aux villages socialistes, et même la RDA ou l?URSS, grands exposants de tracteurs qui marchent, n?existent plus. Que ce soit dans les stands nationaux ou internationaux, on trouve maintenant à la Foire d?Alger de vrais exposants qui cherchent des marchés et de vrais visiteurs qui cherchent des exposants qui cherchent des marchés. De là à dire que l?Algérie est en train de réussir sa transition économique, c?est un pas hasardeux à faire puisque les autres secteurs dorment toujours, les banques faisant preuve de plus de frilosité qu?une grand-mère aveugle qui tente de traverser l?autoroute de l?Ouest et la pratique administrative courante étant aussi paralysante qu?un caillot de sang à proximité du c?ur. Mais si dans ces secteurs c?est encore la foire, la vraie, l?autre foire, celle des Pins maritimes, aura permis d?évaluer les nouvelles capacités commerciales du pays. En dehors du gaz et du pétrole algériens, vendus par les Américains aux Américains, le reste de la production nationale trouve enfin des débouchés : la manifestation s?exporte au Sahara-Occidental, la logique des archs au Maroc et le terrorisme du GSPC en Mauritanie. La marque Marlboro d?Alger se vend à Marseille, la délinquance locale à Naples et le bon kif du pays à Alicante. Mais surtout, signe d?un changement radical, la datte de Biskra se vend enfin à l?aéroport d?Alger. Ce qui est un grand pas vers l?exportation.


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