Abdellah CHEBBAH Août, 2020
Il est parfois réconfortant et même soulageant de rire des ses malheurs.
Dans mon adorable pays, on rit et on pleure de tout en même temps. L'Algérien de nature se réjouit parfois de l'outrance d'un événement.
Nous assistons en ce moment à une situation rocambolesque, ridicule et burlesque.
D'un côté, une révolution menée par un peuple résolu, convaincu et décidé à arracher ses droits et libertés et de l'autre un pouvoir qui navigue à vue dans l'improvisation sans vision ni objectif sérieux qui répondent aux doléances du peuple.
Un théâtre à ciel ouvert se produit devant nos yeux avec comme intitulé la médiocrité et la crétinerie sous toutes leurs formes.
Il y a plus de huit mois un président non élu, donc illégitime, est parachuté. Celui-ci s'est attelé rapidement à constituer un gouvernement.
Dans ce gouvernement de leurres se retrouvent d'anciens ministres, de nouveaux ministres qui attendaient au portillon et d'autres qui refusaient leur éjection, autrement dit, un personnel pour lesquel s'est révolté le peuple.
La composition de ce gouvernement est d'une quarantaine de personnes toutes adoubées à un régime militaire dictatorial.
Ce gouvernement s'est affairé d'emblée à la pomme de terre, au lait et aux dattes. Soucis majeurs pour lesquels le peuple s'est soulevé.
Un président dont le premier souci est la pomme de terre, un ministre du commerce confronté aux problèmes de lait et de dattes à importer pour casser les prix locaux, un ministre de l'enseignement supérieur qui promet des logements et des hausses de salaire aux enseignants qui dit-il sont nuls, un ministre du tourisme qui se réjouit d'avoir des femmes comme pilotes à air Algérie, un ministre des affaires étranglées qui pense régler la situation en Libye, un ministre des start-up de 26 ans qui n'a aucune notion de ce qu'est l'entreprenariat, un ministre des moudjahidins qui n'existent plus, un ministre de l'industrie qui veut récupérer et nationaliser des usines de ses anciens chefs, un ministre de l'énergie qui veut enterrer l'Algérie par le gaz de schiste, un ministre de l'éducation qui veut changer tous les directeurs centraux, un ministre des incubateurs à poussins, un ministre de la justice téléphonique, un ministre des finances informelles, un ministre de la jeunesse de Harragas et des sports commerciaux et mafieux, un ministre de l'inculture qui ignore une identité qui fait partie du peuple, un ministre de l'habitat spéculatif, un ministre de la pêche aux requins, un ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du morcellement du territoire, un ministre de la santé agonisante, un ministre des ressources en eaux stagnantes et polluantes, un ministre chargé des petites et moyennes entreprises non rentables, un ministre des affaires religieuses pour des imams fonctionnaires politisés aux ordres, un ministre de l'environnement désertique, un ministre de l'agriculture pour planter des choux au Sahara, un ministre de la Communication. Wow! Un porte-parole du gouvernement, un ministre de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique 5G, un ministre de la Formation et de l'enseignement professionnels pour de futurs chômeurs, un ministre de la Solidarité nationale entre copains, un ministre des Travaux bibliques et des Transports d'écoliers, un ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale qui n'existent pas, un ministre des Relations avec le Parlement organique, un ministre délégué chargé des statistiques et des prévisions en mode linéaire.
C'est un gouvernement de 39 personnes qui va booster l'Algérie au premier rang des pays en voie de sous développement. Avec cette armada de sinistres, de sous sinistres et de secrétaires généraux, nous allons sûrement révolutionner l'Algérie.
Malheur à moi d'y croire.
Tous ces pensionnaires de la mangeoire et de l'abreuvoir vont exécuter 54 points de couture à défaut d'un véritable programme politique du roi Ubu qui ordonne à ses obligés, la diminution en moins de six mois de 50% des importations des produits alimentaires et l'intégration industrielle à moins de 70%. Les généraux derrière les rideaux se frottent les mains. Leurs 11 milliards sont garantis.
Huit mois plus tard, on a fait un pas. On a osé transformer la pomme de terre en purée et. et onn veut fabriquer du cosmétique aux Africaines et, et, et.....passons.
Bravo. Quel prodige!
Les bases de vie d'un être humain se résument en cinq points essentiels : se nourrir, s'abreuver, s'abriter, se soigner et s'éduquer. Si l'Algérie avait misé, depuis 62, sur le développement de l'agriculture, de l'hydraulique, du bâtiment, de la santé et de l'éducation nous ne serions pas au point où nous en sommes. Cinq grands ministères aurait suffi à booster notre pays sur une période de 20 ans. Tous les autres secteurs auraient été rattachés, plus tard, à ses ministères. Malheureusement nos dirigeants sans vision lointaine ou plutôt trop lointaine, ni leadership, ni compétences, ni empathie pour leur peuple n'ont développé qu'un seul secteur, celui du populisme et de la rapine et conséquemment par nécessité oblige pour le citoyen.
Nous nous réveillons, comme à l'accoutumée, de ce drame avec une illusion, celle de faire croire qu'on pourrait changer les choses avec le même personnel politique, les mêmes réflexes, les mêmes mécanismes et les mêmes espoirs.
Il serait naif de croire à un changement avec des procédés désuets, périmés et mensongers.
Je bois du café et le harak continue.
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Posté Le : 21/08/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Quotidien d'Algérie
Source : www.lequotidienalgerie.org