Algérie

La déradicalisation est encore loin



La déradicalisation est encore loin
La démocratisation serait le meilleur facteur de déradicalisation», a déclaré M. Messahel, ministre des Affaires maghrébines et africaines, à la veille d'une conférence internationale sur «L'extrémisme violent et la déradicalisation» qui se tient aujourd'hui à Alger. Sous ces termes «soft» devraient en principe être évoqués les voies et moyens pour lutter contre la radicalisation idéologique et la violence. Les propos de ministre sonnent mal au lendemain de l'attentat terroriste de Aïn Defla, qui a coûté la vie à une dizaine de militaires. Et surtout après plus de deux décennies de confrontation avec la violence armée intégriste subie par la population algérienne aussi bien dans les villes que dans les campagnes.Partant de ce constat, faut-il admettre que si l'on en est là aujourd'hui, c'est tout simplement parce que la démocratisation fait défaut en Algérie. Plus grave encore, l'attitude conciliante du pouvoir envers ceux qui ont prôné la violence contre les Algériens, allant jusqu'au meurtre, à l'assassinat de masse en passant par les attentats, n'a fait que renforcer l'impunité qui elle-même encourage à la violence.Aujourd'hui, tous ces assassins se retrouvent «blanchis» en vertu d'une réconciliation mal assumée imposée par un pouvoir autoritaire et un déni de justice envers l'ensemble des victimes du terrorisme et leurs familles, auxquelles pas le moindre devoir de mémoire ne leur est reconnu jusqu'à présent. Tandis que les terroristes d'hier, quant à eux, jouissent de tous leurs droits et vont jusqu'à revendiquer ? comme leurs chefs, à l'instar de Madani Mezrag ? l'assassinat de dizaines de militaires sans être inquiétés par les autorités, forts de l'impunité accordée par le régime de Abdelaziz Bouteflika depuis le début des années 2000.Déjà à l'époque, les responsables chargés de la lutte antiterroriste tiraient la sonnette d'alarme et faisaient remarquer que le combat contre l'intégrisme ne pouvait pas se gagner uniquement sur le terrain militaire, mais aussi sur celui des idées, à l'école comme à la mosquée et comme dans l'ensemble des institutions et de la société?Malheureusement, aujourd'hui encore, force est de constater que très peu de choses ont été réalisées sur ce plan, y compris de la part des institutions officielles. On en veut pour preuve la loi sur les violences faites aux femmes qui dort au fond d'un tiroir, bloquée par les tenants du conservatisme, ceux-là mêmes qui s'accommoderaient certainement, sans que cela n'étonne personne, de toute forme de radicalisation intégriste.On a vu comment des députés n'ont pas hésité à instrumentaliser la religion pour justifier «l'existence» de la violence à l'égard des femmes. Tout cela démontre que le chemin est encore long en matière de déradicalisation et de lutte contre l'extrémisme. C'est d'abord l'affaire des institutions officielles et aussi des différents relais dans la société.




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