Algérie

La dépendance des importations s'accentue



Des travaux de recherche effectués respectivement au milieu de la décennie 1980, en 1995 et dernièrement en 2011, font ressortir un constat quasi identique de l'agriculture et la transformation agroalimentaire en Algérie : une sorte d'état stationnaire qui désigne une économie dans une situation qui ne favorise pas la croissance.
Dans un livre intitulé «Industrie agroalimentaire et dépendance envers les approvisionnements extérieurs : le cas algérien» publié durant la décennie 1980, deux docteurs en sciences économiques, Zga Kamel et Arif Salah Eddine, ont procédé à  une analyse détaillée de ce secteur. Le constat établi fait ressortir une forte dépendance vis-à-vis des importations dans le domaine agroalimentaire durant les années 1970 et 1980 et le rôle capital que joue la rente pétrolière pour financer ces importations.
On y lit : «Restituées dans l'esprit du modèle de développement algérien, les industries agroalimentaires devraient évoluer en interaction avec l'agriculture nationale.
La situation en a été toute autre, dans la mesure où une logique extérieure est apparue, par le biais du marché capitaliste d'où provient la majorité des approvisionnements en produits agricoles. Cette dépendance extérieure a de plus été largement accentuée par la modification du modèle de consommation algérien due à  des facteurs d'urbanisme accélérés et à  l'influence du mode de consommation occidental. Ces importations alimentaires ont été financées grâce à  l'existence d'une rente liée aux hydrocarbures qui, initialement, devaient favoriser la mise en place du système productif, or la constatation actuelle est que cette dépendance prend une part de plus en plus importante, ce qui à  terme risque de remettre en cause le schéma de développement».
En 1995, le professeur Mohamed Tounsi, dans une étude sur «l'industrialisation et la sécurité alimentaire en Algérie», relèvera «le recours massif aux importations de biens d'équipements en l'absence d'une capacité nationale de production pour assurer le renouvellement de l'outil industriel [qui] accroît la dépendance des IAA (industrie agroalimentaires, ndlr) et contredit profondément les objectifs de sécurité alimentaire». En 2011, le secteur reflète une situation qui ne diffère presque pas des époques précédentes. Un rapport sur les échanges algéro-canadiens, élaboré en mai dernier par des services du gouvernement canadien, souligne : «L'Algérie ne produit pas de cultures permanentes, ce qui représente une occasion pour les exportateurs canadiens de produits agroalimentaires (…)
L'agriculture ne représente que 8% de son PIB. L'économie de l'Algérie est largement tributaire de son secteur du gaz naturel et des hydrocarbures, qui représente environ 60% des revenus budgétaires, 30% du PIB et plus de 97% des recettes d'exportation. (…) L'Algérie est le principal partenaire commercial du Canada en Afrique et le plus grand importateur de produits agricoles du continent, ce qui en fait un marché attrayant par son potentiel». Le discours optimiste vantant la réussite des politiques publiques dans l'atténuation de la dépendance de l'Algérie dans le domaine de l'agroalimentaire ne reflète point la réalité du terrain.             


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