Algérie

"La démolition répondait à l'impératif d'une utilité publique"




La destruction des 27 kiosques construits hors de l'enceinte du centre commercial d'El-Biar et à même le trottoir obéit à l'urgence de l'exécution de travaux de l'extension du boulevard du 11-Décembre-1960.La démolition opérée le 13 mai dernier d'un lot de 27 échoppes attenantes au centre commercial d'El-Biar continue d'alimenter les discussions dans les chaumières et d'éveiller la controverse dans les cafés. C'est le cas de Guendouz Mohamed-Messaoud et Bourroucha Slimane qui se sont présentés à notre rédaction, pour révéler à l'opinion publique ce qu'ils qualifient d'un acte arbitraire.À la lecture d'une pile de documents administratifs dont nous détenons des copies, le premier est locataire depuis 1985 de l'assiette de terrain pour une durée de 99 ans auprès du bailleur qu'était l'APC d'El-Biar et sur laquelle il avait érigé les murs du kiosque n°1 sous l'intitulé d'un fast-food le Mondial dont il est propriétaire, conformément au dossier n°17/85/59/35/EB du 6 juin 1985 portant permis de construction n°76/EB. Tandis que le second, en l'occurrence Bourroucha Slimane, a contracté en 2002 auprès du défunt propriétaire la cession du kiosque 3 suivant acte dressé par-devant notaire enregistré sous le n°0984.1610.51346.1027 pour la construction d'un service restauration rapide, le Big Mac. "La transaction immobilière s'est conclue avec l'accord de principe de l'APC d'El-Biar", a déclaré notre interlocuteur. Et depuis, tout allait pour le mieux pour ces citoyens qui prospéraient ainsi, à l'ombre du verdoyant lieu-dit "Le retour de la chasse", l'actuelle RN 36, jusqu'à l'angoissante semaine qui précéda la journée fatidique du 13 mai. "Un agent de l'APC d'El-Biar s'était présenté pour nous intimer d'une façon verbale la consigne d'évacuer nos locaux, au motif qu'ils allaient être rasés afin de permettre l'élargissement du boulevard du 11-Décembre-1960. Or une telle démarche nécessitait a priori une mise en demeure étayée d'une décision de justice. Ce qui n'était pas le cas, puisqu'à la lecture du plan de situation en notre possession, nos locaux étaient érigés hors de la limite admise de l'enceinte du centre commercial de Ben Aknoun, soit sur un espace vert qui est un bien de la municipalité d'El-Biar, en vertu de l'arrêté de transfert régissant les réserves communales suivant l'ordonnance n°74-26 du 20 février 1974. À ce titre, et selon la révélation d'un agent de la DTP, nos biens ne figuraient pas dans le tracé de l'extension du boulevard du 11-Décembre-1960. Seulement, rien n'y fit, car au jour J il y a eu la démolition de nos biens en présence du P/APC, de son secrétaire général par intérim et du wali délégué à la circonscription administrative de Bouzaréah", a conclu M. Guendouz, très au fait du dossier, puisqu'il occupait le poste de directeur de l'urbanisme à l'APC d'El-Biar.Voulant en savoir plus, nous avons été reçu par Labdellaoui Mohamed, P/APC d'El-Biar, au siège de mairie. D'emblée, le maire a tenu à réitérer sa déclaration qu'il nous a accordée en marge de l'opération de démolition : "La destruction de ces deux échoppes parmi le lot illicite de 27 kiosques construits hors de l'enceinte du centre commercial d'El-Biar et à même le trottoir obéit à l'urgence de l'exécution de travaux de doublement de la voie, réputée pour ses goulots d'étranglement, notamment aux heures de pointe. D'ailleurs, la démolition était prévisible et devait d'être suivie d'effet un jour ou l'autre, eu égard au statut du boulevard du 11-Décembre-1960, où logent les institutions de la chancellerie. À ce titre, le sieur Guendouz a été indemnisé d'un local sis à la rue Chaïb-Ahmed (ex-Tanger). S'agissant du cas de Bourroucha Slimane, ce dernier ne peut prétendre à une quelconque indemnisation, au motif qu'il a contracté achat auprès d'un tiers qui ne pouvait pas se prévaloir de la qualité d'un propriétaire-vendeur, du fait qu'il n'était en réalité qu'un locataire. Certes, et quand bien même il y aurait eu l'aval de l'APC d'El-Biar, toutefois l'accord de principe était conditionné par la satisfaction pleine et entière de l'ensemble de la procédure de vente par l'intéressé." Donc et partant de ce constat, "il n'y a eu ni dol ni acte arbitraire, puisque la démolition répondait à l'impératif d'une utilité publique qui ne saurait être endigué par l'obsolescence de documents administratifs et par un quelconque référé en justice".Tout bien considéré, l'argument de l'utilité publique ne doit pas occulter l'investissement consenti par ces citoyens, ni écarter l'angle de l'humanisme qui doit être pris en compte dans le traitement d'une affaire à l'aspect socialement cruel.L. N.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)