Algérie

La «démocratisation» de l'import



Le « débat » économique se poursuit entre les gouvernants.Ce n'est pas une offense en effet de considérer que M. Ahmed Ouyahia en faitpartie. Ses déclarations sur les importateurs viennent d'être contrées par leministre du Commerce, lors de sa défense du projet de levée du seuil minimal ducapital social des sociétés d'importation. Avouons d'emblée qu'on est étonné de la faiblesse decertains arguments invoqués par M. Djaâboub. Fallait-il, par exemple,expérimenter la mise en place de ce seuil minimal de capital social pour serendre compte que cela est sans effet sur le niveau des importations ? Car, sil'on décortique la déclaration du ministre du Commerce, la mise en place de ceseuil de capital éliminatoire pour les « petits » avait pour objectif d'induireune réduction des importations. On avait entendu jusque-là l'invocation de la nécessité demettre de « l'ordre » dans le secteur de l'importation. C'était en 2005. M.Medelci, alors ministre des Finances, expliquait, lors de la présentation de laloi de finances complémentaire, qu'il y avait 40.000 importateurs quiintervenaient sur le commerce extérieur, dont 9.000 que l'administrationn'arrivait pas à localiser. On avait beaucoup commenté à l'époque l'incapacitéde l'administration à mettre la main sur les importateurs « fantômes ». L'argument servi était en tout cas plus sérieux que l'idéeque la réduction du nombre des importateurs allait entraîner une réduction desimportations. Dans un pays où l'on ne produit pas énormément, laréduction du nombre des importateurs ne peut entraîner une réduction desimportations. Par contre, elle peut favoriser des situations des monopoles. Onsemble aujourd'hui découvrir « après coup » qu'elle est de nul effet surl'import-import et que cela chagrine au passage cette OMC qui se fait tantdésirer. On devrait peut-être demander aux ministres de se doter debons documentalistes qui leur rappelleront, avant de s'exprimer, ce qui a étédit par leurs prédécesseurs dans la fonction et qui peuvent être toujours descollègues au gouvernement. Sur ce registre, M. Ahmed Ouyahia, qui n'a pasapprécié que l'on revienne sur le capital minimum des importateurs, semble unpeu moins oublieux. Il trouve « anormal » que l'on ait « 22.000 importateurs,soit un importateur pour 1.500 Algériens », et il pointe du doigt des « lobbysnombreux » qui activent pour « détruire l'économie du pays ». L'accusation esttrès lourde et on aurait souhaité, pour l'intérêt du pays, qu'elle soit moinsvague. Sauf à admettre que le lobby des importateurs est surpuissant et qu'onne parle de lui que de manière elliptique. Ceci dit, on attendra de voir si le patron du RND pousserala cohérence plus loin en instruisant ses députés de voter contre lasuppression du capital minimum. Cela pourrait être l'occasion de développer undiscours plus construit sur la question. Il restera, bien entendu, à discuterde l'argument de l'adhésion à l'OMC. Ce serait elle qui veut la «démocratisation » de l'import-import... Mais nous qui courons après l'adhésion au lieu de négocier,savons-vous vraiment ce que nous voulons ?


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