Persécuté par le régime tyrannique de Saddam Hussein durant des décennies, longtemps affamé par l'embargo onusien, impétueusement massacré lors de l'invasion américaine, le peuple martyrisé d'Irak n'est pas encore au bout de ses peines. Une guerre, sans nom, couve toujours sur cette terre généreuse de Mésopotamie. Les fous d'Allah de l'Eiil (Etat islamique en Irak et au Levant), soutenus par les monarchies du Golfe, des intégristes chiites, intronisés avec la bénédiction de l'oncle Sam et des mollahs iraniens, et des sécessionnistes kurdes, appuyés par des pays occidentaux et des puissances régionales, achèvent l'?uvre de dislocation d'une grande civilisation multiculturelle. Ces dernières semaines, les hostilités entre les différentes parties en conflits se sont accentuées d'un cran. Les télévisons du monde entier exhibent des réfugiés irakiens enguenillés fuyant précipitamment la guerre et la désolation. Des vieillards faméliques ployant sous la chaleur torride du désert. Des femmes, violemment arrachées à leurs foyers, errant d'un pas incertain dans un océan de sable brûlant. Des enfants et des bébés mourant de soif. Des images pathétiques et choquantes pour la dignité humaine. Quel triste sort pour un peuple qui a tant souffert et résisté face à l'adversité ! Au moment où les simples citoyens se jettent volontairement dans la fournaise du désert pour échapper à une mort certaine, le Premier ministre, Nouri al-Maliki, aux commandes depuis 2006, s'accroche au pouvoir comme un naufragé à une planche de salut.Les Américains et les Iraniens, qui l'ont adoubé pour se débarrasser de Saddam d'une façon affreuse, veulent maintenant sa peau au nom d'une prétendue alternance au pouvoir. Le geôlier et bourreau de l'ancien «Raïs», entouré de milices qui lui sont personnellement redevables, ne l'entend pas de cette oreille et compte régner envers et contre tous. La coalition chiite, majoritaire au Parlement, a déjà désigné son successeur en la personne de Haïdar al-Abadi, vice-président de la Chambre des députés et ancien membre dans divers gouvernements intérimaires. Comble du paradoxe, c'est un proche d'Al-Maliki et pro-iranien comme lui ! Les Américains, toujours très influents, approuvent cette fameuse «alternance». «Nous espérons que M. Maliki ne causera pas de problèmes», avertit John Kerry. C'est à crever de rire, si ce n'est le drame causé à des millions de citoyens anonymes, jetés sur les sentiers poussiéreux de l'exil forcé. Est-ce cela la démocratie américaine ' Celle que l'on a singulièrement élaborée pour le Grand Moyen-Orient qui comprend aussi, et curieusement, l'Afrique du Nord. À bien regarder, le même scénario se joue en Libye où il n'est plus possible de distinguer le bon grain de l'ivraie. L'interminable tragédie Syrienne, l'holocauste encore fumant de Ghaza et l'instabilité, qui menace de partout, entrent visiblement dans ce même plan de «démocratisation à l'orientale». Bien évidemment, tout cela n'est que manipulation et jeu d'intérêts.Les élites arabes, au pouvoir ou dans l'opposition, doivent savoir que nul ne viendra pour leur offrir une Démocratie qui marche. Il leur appartient, à elles seules, de réfléchir et de trouver les bonnes solutions pour sortir la tête des ténèbres. C'est comme la liberté, elle ne se donne pas. Elle s'arrache et se mérite.K. A.
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Posté Le : 13/08/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Amghar
Source : www.latribune-online.com