Malgré le froid et la densité des nuages dans le ciel de Ghaza hier, jamais cette ville - où se sont tenues à l'instar du reste des territoires palestiniens, pour la deuxième fois durant dix ans, les élections législatives devant désigner les 132 membres du prochain conseil législatif - n'a paru aussi colorée et joyeuse.
Dès 7 h, les citoyens se sont rués en masse vers les bureaux de vote. Le président palestinien Mahmoud Abbas a émis l'espoir en votant à la Mouqataâ, le QG de l'Autorité palestinienne à Ramallah, que le scrutin se déroulerait « dans le calme » et a confirmé la mise en place d'un nouveau gouvernement après les élections. Comme tous les autres électeurs, M. Abbas a eu l'index de sa main gauche enduit d'encre indélébile, un procédé destiné à éviter les votes multiples. M. Abbas a ensuite inspecté un bureau électoral dans une école de Ramallah, où il a cherché à apaiser les craintes israéliennes d'une possible percée du Hamas qui prône la lutte armée. « Les Israéliens ne doivent pas avoir peur mais, au contraire, ils doivent être contents car nous bâtissons une démocratie qui servira de base à la paix entre nous », a-t-il dit. Durant cette journée fériée à l'occasion des élections, la circulation automobile à Ghaza, habituellement dense, était au maximum. Presque toutes les voitures qui circulaient étaient ornées d'emblèmes aux couleurs des différents mouvements participant au scrutin ou de drapeaux palestiniens. On est plutôt frappé et même étonné de voir aux portes de tous les centres électoraux un attroupement des partisans des différents protagonistes avec leurs couleurs respectives, vert pour le Hamas, jaune pour le Fatah, rouge pour le FPLP. Malgré la promiscuité de ces militants qui se retrouvent si proches les uns des autres, à deux heures de la clôture des bureaux de vote prévue à 17h GMT, aucun incident sérieux n'a été signalé. Les élections se passent dans un calme presque total. El Watan s'est rapproché de ces jeunes aux portes du centre électoral à Cheikh Redouane, un bastion du Hamas. Raed, un jeune militant du Fatah : « Comme vous voyez, tout se passe dans le calme. Nous nous respectons mutuellement car on se connaît tous. Tous ces jeunes habitent le même quartier. Nous souhaitons un bon déroulement de ces élections quels que soient les résultats. » De son côté, à moins de 2 m, Mohamad, un militant du Hamas, âgé d'une trentaine d'années, nous a dit : « La démocratie prend le dessus aujourd'hui, nous espérons gagner ces élections mais nous mettons l'intérêt national au-dessus de tout. » Iyad, militant du FPLP, a déclaré : « Ce que vous voyez ici est la concrétisation sur le terrain de l'unité nationale, Il est sûr qu'il n'y aura plus de décisions individuelles comme par le passé, on espère que le prochain clp sera à l'image de ce qui se passe aux portes de ce centre électoral. » Un autre aspect positif de cette journée historique est la large participation féminine au vote. La femme palestinienne plutôt politisée ne se laisse pas facilement guider. Samia, une jeune mère de famille, nous a déclaré : « Je tiens à voter, car c'est un devoir national. Je vote selon mes convictions. Personne ne peut m'influencer. Personnellement, même si je porte le hijab, je vois que le Fatah doit poursuivre sa voie mais en se débarrassant des corrompus que tout le monde connaît. » En fin de compte, loin de la lutte entre le Fatah et le Hamas, qui ont le plus de chances de remporter ces élections, la journée du 25 janvier 2006 restera gravée dans les mémoires. En cette journée, les Palestiniens ont réussi à passer leur examen démocratique, ils ont prouvé qu'ils ont, enfin, le droit de vivre dans leur Etat indépendant et souverain.
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Posté Le : 28/01/2006
Posté par : sofiane
Ecrit par : Fares Chahine
Source : www.elwatan.com