Algérie

«La démarche du pouvoir est d'empêcher toute possibilité d'alternance»



Dans une longue interview accordée au journal électronique La Nation, l'ancien secrétaire général du FLN doute fortement des intentions du pouvoir quant à  une réelle réforme politique du système. Il estime que «la démarche générale du pouvoir est d'empêcher toute possibilité d'alternance. C'est cela l'axe. A partir de là, on œuvre à  tuer dans l'œuf ou à  neutraliser toutes les velléités, forces et noyaux qui peuvent concrétiser ou cristalliser cette alternance. C'est pour cela qu'on aime avoir des partis bidon avec des alliances bidon que l'on peut manipuler comme on veut… Le résultat est qu'ils ont nourri le mécontentement, ils ont nourri le rejet et la méfiance sans que les masses arrivent à  faire l'apprentissage de l'action politique (…)». S'agissant de la commission Bensalah, Abdelhamid Mehri a jugé qu'elle ne porte seulement que sur les apparences. «J'ai expliqué aux membres de la Commission que leur mission porte sur les apparences alors que le régime que l'on veut changer n'est pas soumis aux textes», a-t-il fait savoir. Exemples à  l'appui, M. Mehri a dit expliquer aux membres de la commission comment les textes capitulent devant une pratique du pouvoir qui se place au-dessus de la loi. «La fraude électorale n'est autorisée par aucun texte et ne peut àªtre bannie, réellement, par un simple texte. J'ai évoqué les manœuvres contre les partis. J'ai cité l'exemple que j'ai vécu personnellement. Il y a eu un hold-up violent de la part des services de sécurité de l'Etat contre le FLN pour changer sa direction et sa ligne. Une décision a été prise depuis dix ans de ne plus autoriser d'autres partis politiques. On ne sait pas qui a pris la décision : est-ce une institution, un parti ou une personne '» Donc «la question de la vie politique du multipartisme ne relève pas des textes». Sur le plan de la forme, l'ancien ministre de l'Information du GPRA a estimé que «le changement des textes ou leur amélioration peut-être l'aboutissement d'une démarche, il ne peut àªtre son commencement. Ce qu'il faut préalablement corriger, c'est de sortir de la démocratie de pure forme. Cela ne peut venir d'un changement dans les textes, mais par un accord politique, fruit d'un dialogue national entre l'ensemble des forces politiques. Je leur ai dit que la mission de leur commission commence d'emblée par une exclusion (…)». Et d'ajouter : «Dans la lettre que la Commission a envoyée, il est dit que les résultats seront conformes aux avis de la majorité. Je leur ai fait remarquer que cette majorité est ainsi créée par la confection de la liste des invités. Donc le contenu de la mission de la Commission commence par l'exclusion et se termine par une présumée majorité.» De son point de vue, une véritable réforme pour un changement de régime «requiert une conférence nationale sans exclusion politique, une plateforme consensuelle qui détermine les objectifs à  atteindre, les étapes et les moyens d'exécution». Mais, s'il y a «velléité d'imposer le fait accompli, ce n'est pas la réforme, c'est la continuation», a-t-il prévenu.

 


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