Algérie

La demande de mise en liberté de Me Mohamed Ziane rejetée



La demande de remise en liberté de l'opposant marocain et ancien ministre Mohamed Ziane, âgé de 79 ans, emprisonné à la suite d'une plainte des autorités, a été rejetée par un tribunal de Rabat, a indiqué mardi son fils qui est aussi son avocat. «Nous avons appris mardi auprès du greffe du tribunal que la demande de remise en liberté a été refusée», a déclaré Me Ali Reda Ziane. «Mais nous continuons à affirmer que la procédure de convocation à comparaître devant le tribunal n'a pas été respectée, ce qui entraîne la nullité de la décision de son incarcération», a estimé l'avocat. Ex-bâtonnier de Rabat, Mohamed Ziane a été arrêté et incarcéré le 21 novembre après avoir été condamné en appel à trois ans de prison ferme. Affirmant avoir été jugé «à cause de ses opinions», il s'est pourvu en Cassation.Avocat célèbre au Maroc, Mohamed Ziane a notamment défendu Taoufik Bouachrine, un patron de presse d'opposition emprisonné depuis 2018 après avoir écopé de quinze ans de prison pour des «agressions sexuelles» contre huit femmes, des accusations qu'il a toujours niées en dénonçant «un procès politique». «Me Ziane a également pris position en faveur du ''Hirak'' du Rif», puissant mouvement social qui a agité cette région montagneuse berbère du nord du Maroc en 2016-2017.
Il a été poursuivi en vertu d'une plainte du ministère de l'Intérieur marocain, pour onze chefs d'accusation, dont ceux d'«outrage à des fonctionnaires publics et à la justice», «injure contre un corps constitué», «diffamation», «adultère» ou encore «harcèlement sexuel». Me Ziane avait été condamné, le 23 février dernier, à trois ans de prison ferme et à une amende de 5 000 dirhams (470 euros) mais laissé en liberté jusqu'à son procès en appel. Fondateur du Parti marocain libéral (PML) et grand commis de l'Etat, il s'est fait connaître par des déclarations critiques à l'encontre du pouvoir, en particulier des services de renseignement du royaume marocain.
Mohamed Ziane a été ministre des Droits de l'homme entre 1995 et 1996. Proche des cercles du pouvoir, il fut également l'avocat du gouvernement dans les années 1990. Ces dernières années, il est devenu célèbre pour son franc-parler envers l'appareil sécuritaire marocain.
Selon une spécialiste marocaine en politiques publiques, le royaume vit depuis des années dans sa bulle illusoire d'un mythe de développement, alors que les préoccupations du régime du Makhzen sont très loin de la réalité des citoyens. «Le Maroc (...) n'a pas été emporté par la vague de développement, et, lui qui est une terre fertile au développement, vit depuis des années dans sa bulle illusoire d'un mythe de développement», a écrit Ihssane El Omri, chercheuse en politiques publiques et développement à l'université Ibn Tofail au Maroc, dans une contribution intitulée «Au Maroc, l'illusion du développement» publiée sur le site Le Monde arabe. Selon elle, «l'économie marocaine est contaminée de maintes lèpres: faible productivité, chômage, capital humain défaillant, mariage du pouvoir et de l'argent, corruption (...) Une économie employée comme un outil de stabilisation politique et d'enrichissement personnel des élites, n'a pas été perçue comme étant la pierre angulaire sur laquelle se fonde tout un pays».
La chercheuse marocaine ajoute que l'une des causes principales est «la soumission et l'obéissance» exercée depuis l'ère de Hassan II en échange d'une machine à distribuer les privilèges et les opportunités tandis que le pouvoir «absorbé par le conflit du Sahara occidental, est prêt à tout sacrifier pour se sauver la face (...)».
En outre, si le royaume marocain se considère comme étant une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale, selon la Constitution de 2011, «la réalité témoigne du contraire», les principales institutions et processus de l'Etat marocain étant utilisés «pour contraindre et solliciter des pots-de-vin dans le secteur immobilier».


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