Algérie

La demande d'augmentation des salaires des députés et sénateurs, une absence de morale



La demande d'augmentation des salaires des députés et sénateurs, une absence de morale
Dr Abderrahmane Mebtoul expert international Professeur des universités1.- Selon l'information qui circule en ce mois de décembre 2014, au niveau des médias algériens, les députés algériens veulent une augmentation de salaires s'alignant sur ceux du ministre, un passeport diplomatique et de nombreux avantages pour services rendus, percevant actuellement avec les primes plus de dix fois le SMIG, entre 250.000 et 300.000 dinars pour les présidents de commissions, soit près de deux fois le salaire d'un professeur d'université en fin de carrière et dont la retraite représentera seulement 80% du dernier salaire perçu durant les cinq dernières années. Où est l'encouragement à l'économie de la connaissance qui, avec la bonne gouvernance, est condition sine qua non d'un développement durable au sein des valeurs internationales ' Au moment où s'annoncent des ajustements économiques et sociaux douloureux entre 2015/2020 du fait de la chute du cours du pétrole c'est un véritable scandale et une provocation contre la majorité de la population qui peine à boucler ses fins de mois. 2.- Les actuels députés ont été très mal élus comme l'attestent les résultats officiels en référence au ratio du nombre de voix par rapport aux inscrits : 6,11% pour le FLN, 2,42% pour le RND, 2,19% pour l'alliance verte et 1,31% pour le PT, sans parler des partis insignifiants. Outre le fait qu'ils ne soient pas représentatifs, ils ont été, face aux actuels remous sociaux, incapables de calmer la population, n'étant en aucune manière une force de relais politique efficace, laissant la confrontation directe entre la population et les forces de sécurité. Bien au contraire, certains ont été chassés de leur région. Pour preuve, malgré toute sa bonne volonté, le Premier ministre, jouant au pompier, ainsi que les forces de sécurité sont confrontées à la population sans aucune intermédiation, ni politique, ni de la société civile, posant la problématique d'un dialogue permanent entre toutes les forces sociales, économiques et politiques, de contre-pouvoirs crédibles , et donc l'Etat de Droit et la démocratisation de la société tenant compte de son anthropologie culturelle. 3.- Cette éventuelle augmentation, si elle venait à se vérifier, traduirait en fait une absence de morale chez ces députés et sénateurs (faites ce que je vous dis et ne faites pas ce que je fais) et, donc, un divorce entre l'Etat et les citoyens, dénotant d'un manque de confiance pouvant conduire à une décadence de la société et un suicide collectif pour la Nation. Avec de nombreux amis, nous demandons au président de la République ainsi qu'au Premier ministre de s'opposer à cette augmentation injustifiée dépassant tout entendement humain et qui risque, à juste titre, de conduire toutes les catégories sociales à demander des augmentations sans contreparties productives, conduisant inéluctablement le pays vers une inflation effrénée et, à terme, donc, vers une dérive sociale. Cela ne touche pas seulement cette catégorie sociale mais renvoie à la moralisation de toute la société, gouvernants et gouvernés, comme nous l'enseigne le grand sociologue Ibn Khaldoun dans son analyse du cycle des civilisations.4.-Mesdames et Messieurs les députés, nous vous demandons simplement de respecter la population largement meurtrie, surtout avec les scandales de corruption à répétition qui la démobilisent. Vous ne pouvez vous comparer aux députés des pays développés ou de certains pays en voie de développement, où les parlementaires jouent un rôle actif. Votre salaire actuel est déjà loin, très loin, des services que vous rendez à la nation. Car combien de lois avez-vous initiées de votre propre chef ' Avez-vous un bureau au niveau de votre wilaya et résolu les problèmes des citoyens que vous êtes censés représenter et ce, en relation avec les autorités locales Ayez un peu de pudeur et de dignité.ademmebtoul@gmail.com Dr Abderrahmane Mebtoul expert international Professeur des universités- ancien magistrat (premier conseiller) et directeur général des Etudes Economiques à la Cour des Comptes




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