Une délégation de chefs d'entreprise français composée d'une soixantaine de dirigeants de grandes entreprises et de PME françaises activant dans de très nombreux domaines, conduite par Jean-Marie Dauger, président du Conseil de chefs d'entreprise France-Algérie du MEDEF International et directeur général adjoint de GDF SUEZ, effectuera le 12 décembre prochain une visite de deux jours à Alger. L'objet de cette contribution est de poser objectivement les axes du renforcement de cette coopération.
Bilan de la coopération algéro-française Sur le plan institutionnel, la coopération économique algéro-française s'appuie sur deux accords : le premier, le mémorandum de partenariat économique et financier, a été signé à Alger le 11 décembre 2006. Cet accord a pour objectif d'accompagner le processus de réformes économiques et financières engagées en Algérie à travers des actions d'assistance technique et de formation au bénéfice de cadres issus des administrations économiques et financières algériennes, et la promotion des échanges, des investissements et le développement des filières industrielles (automobile, agroalimentaire et pharmacie). Le deuxième accord, le mémorandum algéro-français de coopération financière, a été signé à Alger le 21 juin 2008, à l'occasion de la visite en Algérie du Premier ministre français, M. François Fillon. Cet accord vise à renforcer la coopération institutionnelle et la modernisation des administrations économiques et financières à travers un appui aux administrations fiscale et douanière, à la réforme budgétaire, à l'Inspection générale des finances, à la Direction générale de la comptabilité, au cadastre, au Commissariat général à la planification et à la prospective et à l'Office national des statistiques. Cet accord a également prévu l'assistance de la partie française à la création en Algérie de deux écoles nationales des douanes et du Trésor, ainsi que l'appui à la mise en place d'une école dans les métiers des assurances. Concernant le volume total des échanges commerciaux entre l'Algérie et la France, son premier fournisseur, il a atteint en 2009 quelque 10 milliards d'euros. Les 450 entreprises françaises présentes en Algérie représentant 1 341 opérateurs économiques avec un stock d'investissement d'un peu plus de 2 milliards d'euros emploient plus de 35 000 personnes, et 180 PME françaises sont intéressées à investir en Algérie, selon des sources françaises. Lors de sa seconde visite en Algérie, le 21 février, Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre français, avait indiqué, outre les négociations sur Renault, qu'ont été abordés ceux de Total et Lafarge, qui étaient à «mi-chemin» d'accords. Dans ce cadre , dans une déclaration en date du 10 novembre 2011, le ministre algérien chargé de la Promotion de l'investissement, a précisé que Renault pourrait installer son usine dans la zone de Bellara à Jijel, alors qu'au départ cela était prévu dans le cadre de la SNVI à Rouiba, proche d'Alger. Cette usine devrait fabriquer 75 000 véhicules dans une première étape avec un taux d'intégration de 20/25%pour atteindre 150 000 avec un taux d'intégration de 60%(pneumatiques et vitrage) dans une seconde étape, où le management stratégique pourrait revenir à Renault, détournant l'obstacle des 41/59%. Pour les autres projets de partenariat avec la France, toujours selon cette récente déclaration, il est prévu la construction d'une cimenterie d'une capacité de 2 millions de tonnes à l'est de l'Algérie, plus précisément à Oum el Bouaghi, dont le coût est de 360 millions d'euros, en partenariat avec le groupe Lafarge. La France demeure le premier fournisseur de l'Algérie avec plus de 6 milliards de dollars d'exportations et son quatrième client pour un montant fluctuant entre 3 et 4,5 milliards de dollars entre 2005/2010, selon les chiffres des douanes algériennes pour l'année, qui note un déséquilibre commercial en défaveur de l'Algérie de 2,5 milliards de dollars pour 2010. Cependant, il est à noter que les relations économiques et commerciales ont progressé de manière très rapide, ayant plus que triplé en douze ans. L'Algérie est le premier partenaire commercial de la France en Afrique (Maghreb, Egypte comprise, et Afrique subsaharienne). Si l'on étend les comparaisons au reste du monde, l'Algérie est le troisième marché pour les exportations françaises hors pays de l'OCDE, après la Chine et la Russie. La moitié des exportations sont réalisées par des PME. Sur le plan de la coopération culturelle, scientifique et technique franco-algérienne, celle-ci s'inscrit dans le cadre de la Convention de partenariat signée en décembre 2007 et du Document-cadre de partenariat (DCP), qui définissent trois grands axes de coopération : le renforcement du capital humain, le développement économique et durable et le secteur productif, la bonne gouvernance, l'Etat de droit, la modernisation du secteur public et le renforcement de la coopé- ration décentralisée. Malgré cela, il faut reconnaître que les relations économiques entre l'Algérie et la France, malgré des discours de bonne intention, sont loin des attentes et des potentialités entre les deux pays, qui sont énormes. Il y a effectivement des aspects politiques qui freinent ces échanges, le devoir de mémoire. Il appartient aux historiens algériens et français d'en faire l'écriture objective, et je salue les importants travaux d'un Algérien, Mohamed Harbi, et d'un Français, Benjamin Stora. S'il fallait ne pas occulter le passé, il faut maintenant se tourner vers l'avenir. Il faut être conscient que les nouvelles relations internationales ne se fondent plus essentiellement sur des relations personnalisées entre chefs d'Etat mais sur des réseaux et organisations décentralisés à travers l'implication des entreprises et de la société civile qui peuvent favoriser la coopération, le dialogue des cultures, l'émigration, ciment de l'interculturalité, pouvant être un vecteur dynamisant. Les échanges commerciaux entre l'Algérie et la France demeurent figés dans leurs structures. Malgré une bonne évolution, ces échan-ges sont dérisoires comparés aux exportations et importations des deux pays. La France, dans bon nombre d'affaires en Algérie, est devancée par l'Italie et la Chine, qui prennent des parts de marché de plus en plus importantes. La France restait en 2010 le premier fournisseur de l'Algérie, mais sa part de marché est en nette baisse. Les parts de marché sont en effet passées à 15,7 % en 2010 contre 30% il y a 20 ans. La visite de la délégation du MEDEF permettra- t-elle d'intensifier et de diversifier la coopération en n'oubliant jamais que dans la pratique des affaires, il n'existe pas de sentiments ' (Suivra)
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Posté Le : 11/12/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane Mebtoul
Source : www.lnr-dz.com