Algérie

La découverte de la vallée des Ath Snous



La découverte de la vallée des Ath Snous
Le dixième circuit touristique qui sera proposé à la découverte aux visiteurs lors de la manifestation culturelle «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» a été tracé cette semaine par une importante délégation composée d’artistes, d’hommes de culture et une équipe de la télévision algérienne, sous l’égide de la direction de la culture de la wilaya.
La première étape a conduit cette délégation à la ville de Taffesera, habitée il y a des siècles par des troglodytes. Cette région, conquise également par les Romains, compte l’une des plus vieilles mosquées, qui, selon des documents historiques et des archéologues, porte le nom de Sidi Abdellah Ben Djafar. La tradition orale veut que les mosquées de Beni Snous aient été fondées sur ordre d’Abdellah Ben Djaafar, neveu du calife Ali et compagnon de Okba Ibn Nafaa. On accède à la mosquée par une cour dont la partie gauche sert d’espace de prière avec son mihrab creusé dans le mur d’enceinte et, au fond, les latrines, qui étaient alimentées en eau courante par un petit canal provenant de la source située derrière le mur d’enceinte. Selon M. Chenoufi Brahim, un archéologue, le plan de la mosquée est en carrés, il est divisé en trois nefs ou salles perpendiculaires au mur de la kabla (orientation vers La Mecque, ndlr) et en trois travées. Les piliers à base carrée sont reliés entre eux par des arcs outrepassés. Des double-pentes en tuiles canal sur des nappes de rondins en thuya recouvrent les pièces. La coupole du mihrab est recouverte d’une toiture en tuiles canal à quatre pentes. Le minaret évoque ceux des mosquées de la période abdalwadide par ses proportions, mais non par son décor, qui se résume à quelques saillies en briques enduites à la chaux, comme, du reste, l’ensemble du minaret. Cette mosquée, dont la date précise de la construction n’a pas été déterminée, a connu le passage de plusieurs religions, entre autres le christianisme et le judaïsme. Avant d’être transformée en mosquée dès l’avènement de l’islam, ce fut une église qui daterait du XIe ou XIIe siècle.Ce merveilleux site historique accueille annuellement de nombreux touristes, ahuris devant une cité berbère qui a connu le passage de plusieurs dynasties. Dans cette région, on trouve à l’heure actuelle des maisons troglodytes datant de nombreux siècles. Selon des habitants, des traces d’hommes géants pouvant atteindre 2,20 mètres ont été retrouvées, notamment des ossements, puisque la région compte un cimetière qui date de plusieurs siècles. Les quelques habitations encore debout témoignent du passage d’une véritable civilisation et les oliviers séculaires qui parsèment ce territoire datent de plus de 250 ans.

Villages berbères et mosquées, témoins de l’histoire
Le deuxième halte de la délégation a été effectuée aux villages de Khemis, Ouled Moussa, Sid Larbi et Beni Achir et dans deux mosquées qui font actuellement l’objet de travaux d’aménagement et de restauration. En ces lieux, faut-il le rappeler, l’anthropologue Edmond Destaing (1872-1940), un «précieux artisan des études berbères», a mené une série d’études anthropologiques entre 1900 et 1907 et a édité quelques essais sur les rites culturels locaux ainsi qu’un dictionnaire français-berbère. Les membres de la délégation étaient fascinés devant la splendeur de cette région. Le cameraman de la télévision n’avait que l’embarras du choix. «Tout est beau, tout mérite d’être filmé !»
Cette contrée a enfanté de nombreux savants et rois berbères sous la dynastie des Ziyanides. Le plus connu est l’un des plus grands savants théologiens, en l’occurrence Cheikh Esnoussi, dont le chef-lieu de la commune, qui porte son nom, abritera le samedi 8 mai un colloque national sur cet illustre savant. Au niveau architectural, la vallée de Beni Snous se caractérise par des constructions d’une valeur inestimable laissées à l’abandon. A ce sujet, les autorités locales doivent déployer d’intenses efforts pour restaurer les vestiges des cités anciennes.
L’objectif est d’offrir aux habitants de cette vallée un cadre de vie attractif avec une offre résidentielle diversifiée, de favoriser l’accès à une vie sociale riche et variée mais aussi de constituer des réserves foncières pour développer des équipements et des services.
Cette région, connue pour sa vallée mystérieuse et féerique, qui s’étend sur 40 km2, est composée de douars et villages typiquement berbères, notamment Taga, Beni Achir, Zahra, Keddara, Tassa, Fahs et Beni Hamou, qui, durant la guerre de libération, ont vu le tiers de leur population (un millier de chouhada) décimé par le colonialisme. A cette époque, Beni Snous était une région stratégique et une base logistique de l’Armée de libération nationale (ALN), en raison de son relief accidenté et ses forêts denses, outre sa proximité du Maroc voisin, base de repli des moudjahidine.
Beaux et attirants, ses paysages verdoyants et féeriques s’étalent à perte de vue. Au loin, se profilent des oliviers, des amandiers, des figuiers... et les eaux du barrage de Beni Bahdel complètent la beauté de ce paradis terrestre, véritable pôle touristique, dont, malheureusement, l’heure de l’exploitation n’a pas encore sonné. «La vallée de Beni Snous a une brillante histoire, notamment pendant la période romaine, où elle fut un poste avancé de l’Empire romain. Nous savons notamment que, pendant l’époque de Syphax, les Romains ont subi une défaite à Beni Snous», avait écrit Edmond Destaing en 1907.
A travers cela, on notera que, dans cette contrée, les montagnes sont un important réservoir d’eau, d’énergie et de diversité biologique. Le visiteur qui se rend dans cette région d’origine berbère découvre qu’elle offre, par la diversité de ses ressources naturelles et sa position géographique, des opportunités extraordinaires de développer diverses formes de tourisme, loin des services classiques qu’offrent les infrastructures hôtelières actuelles. Il s’agit en fait procéder à la revalorisation ou la conservation du patrimoine historico-culturel, du fait que Taffessera dispose de vestiges d’une cité romaine, les Beni Bahdel, d’une source séculaire, de monts verdoyants, de paysages féeriques, d’un artisanat local qui se caractérise par la poterie, la tapisserie et la natte.
En effet, évoquer l’artisanat, c’est parler du bon vieux temps, parler des mains magiques, parler de femmes artistes, créatrices, novatrices. Terre d’accueil située au cœur d’une vallée mystérieuse, à une heure de route de Tlemcen, Beni Snous est une localité séduisante, étonnante, à travers ses paysages épris d’authenticité, son assise historique, son magnifique patrimoine artistique et culturel. Douée d’une nature généreuse liée étroitement à ses traditions, ses coutumes et son terroir, elle ouvre aux touristes les grands espaces de son environnement haut en couleur, tout en les faisant entrer en terre de légende, qui fait goûter à la vie de l’histoire du roi Schechnak, et dont la célébration est annuellement fêtée par la célèbre légende d’Ayred. Terre brûlée par les bombardements de l’aviation française lors de la guerre de libération, Beni Snous possède actuellement, malgré la sécheresse qui sévit, un charme discret qui s’étire en chemins jalonnés de légendes, baignés de mystères, fait d’ancestrales superstitions et de faits insolites où se révèlent l’étrange et le merveilleux dans l’imaginaire rural. A voir encore des mains magiques qui tissent les tapis, les nattes, on croit vivre dans le passé, dans le bon vieux temps, où la vie était encore… en noir et blanc.
Face au manque de certaines commodités liées au monde moderne, les habitants de Beni Snous mènent un mode de vie simple, que ce soit sur les berges de l’oued ou au cœur de la vallée. Ces lieux sont fréquentés dès la saison chaude, car la vallée réunit des paysages variés offrant un cadre propice à l’évasion et à la promenade…

Un musée d’histoire et d’archéologie pour la région
La région de Beni Snous a tiré profit de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» pour bénéficier d’un musée régional d’histoire et d’archéologie qui se consacre à la conservation, à l’étude et à la mise en valeur du patrimoine. Cette infrastructure sera prochainement concrétisée dans la région en attendant le choix de l’assiette devant abriter ce projet.
Par ailleurs, dans le cadre de la préservation du patrimoine de cette région, d’intenses opérations de restauration sont en cours. Les responsables ont finalement compris que la priorité doit être donnée à la gestion du patrimoine. L’objectif fixé par la direction de la culture, c’est d’améliorer la connaissance de ce patrimoine et de le préserver tout en y maintenant les activités traditionnelles (agriculture, randonnée...) Côté cinéma, afin de mettre en valeur le rôle qu’a joué l’école coranique de Beni Snous, le réalisateur Abdelmadjid Djebbour lancera prochainement le tournage d’un film dont le thème se rapportera à l’enseignement du Coran dans cette région.


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