Algérie

« La débrouille nous a sauvés »



« La débrouille nous a sauvés »
Une nouvelle race de vendeurs a fait son apparition à Bab El Oued. La place des Trois Horloges grouille de jeunes qui proposent des CD et qui occupent dans un brouhaha les abords du marché couvert voisin et ne quittent le lieu que vers 23 h. « Les jeunes proposent des DivX, moi j'en vends depuis plus d'une année. C'est mon copain qui me grave les films. Ils sont nombreux mes copains qui prennent place à la rue Lotfi ou sur la place (Trois Horloges). Avec mes 16 000 DA à l'imprimerie de la prison d'El Harrach, je ne peux pas m'en sortir et aider ma famille, alors je me débrouille comme je peux », signale Salem un jeune du quartier les cheveux gominés, en grande discussion avec son collègue venu le consulter sur « les derniers films en vogue ». A force d'en vendre, le jeune devient « spécialiste » et reprend un vocabulaire créé par les nombreux jeunes vendeurs : « Des as s'occupent pour me débrouiller des ''pièces'' et des CD que je revends à 100 DA. Les CD sont de bonne qualité. Des films pas encore diffusés dans les salles ou ailleurs nous parviennent. C'est des jeunes ''zaoualia'' fauchés qui se les offrent. D'autre jeunes de leur âge, plus nantis, les voient sur les chaînes cryptées et vivent ce qui y est raconté. Chacun ses plaisirs et chacun sa manière particulière de les assouvir », enrage Akli, vendeur aux Trois Horloges, qui nous raconte les aventures de jeunes harraga qui quittent « sans envie de retour vers ce quartier ». D'autres géographies sont évoquées, la lointaine Grèce et la frontière de la Turquie devenues « les destinations en vogue ». « Des jeunes ici se débrouillent comme ils peuvent, le mal est plus profond dans les régions retirées. Pour eux, le raïs Boumediène est toujours au pouvoir », signale un vendeur de CD piratés. Plus loin sur le boulevard Mira, où les jeunes sont plutôt rares, c'est plutôt le calme. Sur l'esplanade quelques familles s'adossent aux barricades d'El Kettani, des jeunes se regroupent dans ces espaces délabrés. Le jardin Taleb Abderrahmane est cet autre endroit où se « concentrent » les habitants de Bab El Oued. Occupés par les riverains qui s'y regroupent surtout le soir, le lieu est laissé à l'abandon. Des personnes âgées, des jeunes s'y regroupent surtout le soir ; les uns pour jouer des parties de dominos, les autres, surtout des jeunes dés'uvrés, installent leurs étals de vente. Des placettes « aménagées » au lendemain des intempéries de 2001 sont squattées ou manquent de commodités. 


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