Algérie

La débrouillardise et la drogue comme solutions à Annaba Loisirs pour jeunes



La débrouillardise et la drogue comme solutions à Annaba                                    Loisirs pour jeunes
Photo : M. Hacène
De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani

A Annaba, être jeune de nos jours n'est pas facile à vivre, surtout en ces temps où la culture et les loisirs font défaut et où la débrouillardise, censée combler cette défaillance, glisse dangereusement pour verser dans l'illégalité. En effet et il faut l'avouer, les infrastructures existantes, Maisons de Jeunes, maisons de la culture stades de proximités et autres ne font plus salle comble et les jeunes boudant ces espaces se retrouvent dans les quartiers et les rues à courir après d'autres types de loisirs pour se sentir bien dans sa peau, pour se sentir «in» et faire partie de la bande. La raison est que lesdits espaces, passée leur inauguration en grandes pompes en présence des jeunes du quartier et passé la curiosité des intéressés, se vident au fur et à mesure et sont plus tard désertés. «Les premiers temps, tout va bien et tout fonctionne à merveille, nous a confié le jeune Saïf, on est plus ou moins libre de pratiquer telle ou telle activité dans cet espace, puis la situation bascule peu à peu, le matériel existant tombe en panne, la réparation prend parfois plus d'un mois, un mois pendant lequel les jeunes commencent à partir ailleurs. Puis, il y a aussi le personnel, on est obligés d'attendre tel ou tel responsable parce qu'il a la clé de telle ou telle salle et il n'est pas toujours à l'heure, parfois ils sont carrément absents de leurs postes. Et puis, surtout sur le plan psychologique, on n'est pas à l'aise et on n'a pas ce sentiment de liberté comme dans le quartier. Ici, c'est un espace clos et réglementé, tout est compartimenté et ça le jeune ne l'accepte pas. Et donc ces espaces on n'y vient que pour réviser nos cours à l'approche des examens. Sans plus.» Au quartier ce sont les loisirs de la débrouillardise qui sont en vogue et recrutent par dizaines dans les milieux juvéniles. Ils sont là par petits groupes jouant aux dominos ou s'organisant pour une partie de football avec leurs copains d'autres quartiers. D'autres choisissent de voir un film ensemble chez l'un d'entre eux pour le commenter ensuite et donner son avis. Les films d'action sont les plus prisés et les jeunes s'identifient aux acteurs, chacun ressentant ses pulsions, ses impulsions et ses sentiments à travers les scènes filmées. Une sorte de catharsis qui répare, apaise et évacue le trop plein d'énergie et de sentiments.Cette débrouillardise, somme toute inoffensive et par certains côtés bienfaisante, ne peut être blâmée sachant que les responsables du secteur ne s'investissent guère pour une prise en charge réelle de cette frange de la population qui
représente l'avenir du pays. Cette défaillance a créé un vide très vite comblé par des activités que les jeunes s'inventent entre eux et qui deviennent des sortes de rituels qu'ils respectent entre eux, allant jusqu'à s'imposer des lignes de conduites répréhensibles.Conduites qui mènent les jeunes à s'essayer à la consommation de la drogue pour «faire comme les autres», pour affirmer sa virilité et être homme» ; de faux concepts dont la toxicomanie se présente comme étant l'expression. Le jeune plonge donc dans ce monde et trouve son «plaisir» dans ces substances dangereuses et s'enfonce de plus en plus. La loi de l'Omerta dressant un mur infranchissable pour tous ceux qui ne sont pas initiés et les parents des jeunes ne découvrent que trop tard ce qui arrive à leurs enfants. Et c'est la galère pour toute la famille, médecins, psychologues, hôpitaux, centre de désintoxication' pour, à la fin, se retrouver avec son gosse dans un état «qui n'est pas tout à fait normal».La situation de la jeunesse à Annaba n'est pas tellement différente de celle qui prévaut dans les autres villes d'Algérie, à la différence que cette ville, bien mieux lotie que les autres sur le plan infrastructures, ne réussit pas à prendre en charge correctement cette frange de la population.


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