Algérie

La dame de la chanson algérienne Saloua à La voix de l’Oranie



«Il faut une plus grande implication des autorités pour protéger les artistes» La grande dame de la chanson algérienne, Saloua a réapparu hier sous le ciel d’Aïn Témouchent. Pleine d’élégance, elle a animé un récital à la salle de spectacle de la Maison de la Culture, revisitant en compagnie du public les airs d’antan avec beaucoup d’allégresse. A la fin de son spectacle, elle a ouvert son cœur aux lecteurs de La voix de l’Oranie. La voix de l’Oranie: Si vous permettez, nous allons commencer l’entretien par une question que beaucoup se posent: comment expliquez-vous votre absence de la scène artistique? Saloua: Il y a des circonstances particulières qui m’ont imposé à une absence mais de mon propre gré quand même... Mais j’étais toujours présente dans le milieu artistique. J’ai signé mon come-back sur la scène le 8 mars 2006 lorsque j’ai animé un récital à l’invitation de l’association «Arts et Culture». Puis Mme la ministre de la Culture m’a honorée à Timgad, ensuite j’ai été invitée par l’association des anciens moudjahidine de Blida et celle du 3e millénaire. J’ai découvert que j’étais très aimée par mon public qui a, d’ailleurs, exigé mon retour. -Mais vous n’avez rien enregistré, ni C.D. ni K7? -Je suis une artiste qui a une carrière qui s’étend sur plus de quarante ans. Je n’enregistre jamais pour gagner l’argent au détriment de la valeur artistique et culturelle. Je ne suis pas matérialiste. Mais pour votre information, je suis en négociation avec un distributeur honnête et intègre et vous verrez prochainement mes nouveaux produits. -Peut-on dire de vos paroles et de vos chansons que vous avez été bousculée par cette nouvelle génération de chanteurs? -En matière de qualité, la chanson algérienne, selon les observateurs de notre période était la meilleure. Mes chansons qui ont plus de 30 ans gardent encore le succès et suscitent chez le public du respect. Il en est de même pour Ahmed Wahbi, Rabah Driassa et d’autres figures. Je suis contre la chanson sandwich qui se consomme en un laps de temps puis s’efface de la scène artistique. Que les jeunes chanteurs aient leur propre personnalité, c’est une très bonne chose. Mais moi je souhaite une relève qui assure la continuité de la chanson algérienne d’où le devoir du ministère de la Culture. -Donc vous applaudissez le retour de l’émission «Alhane Oua Chabab» -C’est évident qu’une école pour prendre en charge ces jeunes et leur apprendre la musique et la chanson dans un cadre académique est nécessaire. Seulement j’ai des réserves à ce propos: il faut l’assurer à ces jeunes un bon encadrement. Il faut que les compositeurs et les paroliers qui accompagnent ces futures valeurs de la chanson algérienne doivent être très compétents pour pouvoir percer dans le milieu artistique. Je suis contre le fait d’apprendre à ces jeunes talents de répéter les chansons des autres. Maintenant ils sont sortis sur le terrain sans aucun produit propre à eux. Moi j’ai formé à l’époque, Nadia Benyoucef, Nardjess et Belfarouni. -Vous chantez pour la troisième fois de votre vie artistique à Aïn Témouchent. Comment trouvez-vous son public? -Oui, j’ai chanté une fois sur la plage de Sassel, une deuxième fois au centre ville au cinéma Capitol et aujourd’hui j’ai découvert un public fidèle et parfaitement connaisseur de mes chansons: Nahwak Yel Ghali, Ala Slama, Yel Wahrania, Ya Zahw El Bal. J’ai découvert que le public témouchentois n’apprécie pas le genre andalou, mais j’ai essayé de répondre à la demande de certains passionnés de ce genre musical. Sincèrement les témouchentois dégustent la musique et je suis très heureuse que l’orchestre de la wilaya d’Aïn Témouchent m’accompagne dans ma prochaine prestation à Saïda. -Selon vous, où en est le statut de l’artiste? -Cela fait vingt ans qu’on parle de statut de l’artiste, les artistes sont égarés. Il n’y a même pas un syndicat qui défend la carrière professionnelle de l’artiste. La responsabilité incombe aux décideurs. Il faut que le ministère de la Culture s’implique davantage pour protéger les artistes. -Et de votre expérience dans le cinéma... -Depuis le film intitulé «Hassan Taxi», je n’ai plus été sollicitée pour jouer un rôle convenable. Je suis prête à toutes fins utiles. Je conseille aux jeunes chanteurs de respecter la noble mission de la chanson algérienne et de ne pas se laisser entraîné par la médiocrité. Que les responsables de la culture encouragent les œuvres visant le développement de la chanson constructive de la personnalité algérienne.   Entretien réalisé par Sabraoui Djelloul


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