Nasser Hannachi
Les rues et ruelles restent sous exploitées en matière didactique. Elles favorisent l'émergence de l'informel et de l'anarchie qu'une séance artistique pouvant amortir ce choc anti culturel. A vrai dire, la culture urbaine ne s'est pas encore ancrée dans la société. Elle exige une reconnaissance d'un espace polyfonctionnel qui regroupe sport, musique, danse,'Considérée comme révélatrice de jeunes talents actifs «on air», elle demeure quasi absente au niveau des quatre coins de la ville. Et pour cause, à Constantine par exemple, s'exposer dans un espace extra que les traditionnelles salles et «odéons» demeure presque une enfreinte à l'ordre public quoique les
prétendants ne remplissent pas les boulevards et ruelles. Et la plupart des personnes interrogées à ce sujet se montrent indifférentes envers cette tendance ou plutôt ce phénomène qui a pu détenir une place importante sous d'autres cieux où la relation humaine et la
communication entre les composants de la société se tissent davantage. Alors que les agglomérations se vident progressivement de leur essence, sous les métamorphoses et exigences spéciales du siècle, avec la ruée vers les villes, cette mutation, tous azimuts, n'a pas pu déclencher une cohabitation artistique et culturelle dans les rues prédominées jusqu'ici par le brouhaha. «C'est un créneau qui ne rapporte pas», murmure un jeune artiste. Et d'ajouter : «Les pouvoirs publics cherchent par-dessus tout des projets concrets où injecter de l'argent'». «Par le passé était attribuée la notion de culture urbaine à des jeunes issus des quartiers défavorisés. Mais au fil des ans cette notion a changé puisque qu'il fallut prendre la définition de culture dans son large spectre de partage de toutes les activités artistiques et spirituelles partagées par les populations dont le langage et les us sont commun», explique un spécialiste ajoutant que la culture urbaine a élargi son champ à toutes les «nouvelles formes de pratiques culturelles» et les espaces d'expressions n'en sont pas du reste. La ville Constantinoise (valable par degrés différents pour les autres régions du pays) se limite cependant à des manifestations toujours cadrées dans les cercles internes où la rue est exclue avec toute sa création autodidacte. Car de par son aspect
autarcique, la culture urbaine refuse l'intégration sur mesure. C'est l'une de ses conquêtes perdues ' Cela étant l'avis des observateurs qui attestent que cette indépendance lui a valu une «immobilité», mais celle-ci lui a permis d'exceller loin des feux de projecteurs. La Cité millénaire renferme plusieurs festivals qui sont organisés à des périodes distinctes de l'année. Intégrer un festival dédié aux
cultures urbaines serait une nouveauté dans le maillage culturel adopté dans le pays. Puisque les mannes sont généreuses et arrosent abondamment toute mimique ou aria. Les gestionnaires de la culture se plient à des programmes. Ils encouragent les émergences sans forcer. En plus, les postulants ne remplissent ni alimentent les rues et ruelles. Des essais de château de carte sont étouffés avant même de s'y exposer. «On n'a pas vu jusqu'à preuve du contraire de «Slam» ou de Rap forcer le destin pour inculquer ce penchant. Pourtant au niveau de quelques cercles et clubs la jeunesse s'adonne à des expérimentations en privé». Par timidité ou par manque d'encouragement d'aller braver la rue et la société pour y imposer son show, les artistes locaux déjà fragilisés par des options figées officielles préfèrent tourner le dos à la culture urbaine pour la rendre «enclose» et contraire à son dogme d'ouverture et de métissage. Malgré les promesses des administrateurs du secteur et la multiplication des grilles, il reste quelque chose d'inachevé pour colorer le spectre artistique existant. L'organisation des échanges inter wilayas via les semaines culturelles s'apparentent à une activité du genre. Mais il s'agit beaucoup plus d'une opération de sauvegarde que de promotion de nouvelles tendances allant avec les aspirations du jour.
Les manifestations promulguées par le ministère dans le cadre des échanges ont permis de mettre la ville dans le bain de toutes ces magnifiques us et coutumes que renferme chaque région de l'Algérie profonde. Cela étant un acquis pour la population locale d'aller à la rencontre des traditions des autres contrées.
A vrai dire, la réflexion sur la culture urbaine n'est même pas évoquée dans les diverses rencontres vouées au secteur. Serions-nous en déphasage avec ce qui se trame ailleurs ou tout simplement le v'u de garder la culture et ses dérivées cantonnées dans des sphères à prédominance officielle loin de tout sursaut «urbain» ' «La porte est ouverte à toute bonne initiative», ne cesse de clamer les organismes et offices constantinois. Un appel qui reste sans retour de voie pour la simple raison que les prétendants «autodidactes» ne se bousculent pas au portillon de peur d'être orientés et donc contraints à se plier aux exigences préconçues. Une brèche qui laisse la rue et espaces publics en jachère et exploiter par autre chose que la didactique. La culture urbaine requiert-elle un petit Slam, fut ce gracieux et gratos, pour la mettre en action et décadenasser les barrières '
N. H.
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Posté Le : 17/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : La Tribune
Source : www.latribune-online.com