En s'apprêtant à fêter Yennayer, on aurait aimé célébrer le référent identitaire et historique ancré dans notre culture. Or, le mot «culture» semble faire peur. Il fait peur à des esprits ankylosés et vêtus de l'habit soi-disant musulman. Qu'ils s'appellent salafistes, ouléma ou peu importe, ils ignorent ce qu'est la culture, l'armure contre l'archaïsme et la régression mentale. Le mot «culture» exprime une notion complexe, recouvrant des éléments appartenant au domaine des connaissances, à celui de la sensibilité, esthétique ou affective, et à celui de la mentalité. Or, ces mentalités qui décrètent du «haram» à tout bout de champ, qui profèrent des insultes exécrables à l'encontre de la composante amazighe, peuvent-elles se prétendre esprits ouverts ou personnes cultivées ' C'est insulter la culture rien que d'évoquer les patronymes de ces hurluberlus qui ignorent tout de leur propre histoire. Ne les nommons pas ici. Cette histoire ne s'improvise pas. Elle est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements. Aussi, fêter Yennayer n'est pas anecdotique, n'est pas simple accessoire à notre histoire. C'est légitime, car il est question d'aïeuls plus valeureux que ces gueux quémandant on ne sait quoi. Ces aïeuls ont fait l'identité berbère, ancêtre de ce pays. Ce que nous sommes, en fait. Et avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent, c'est construire son avenir, vouloir faire encore de grandes choses ensemble. En somme, c'est aimer la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet aux futures générations. Les sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a endurés, l'histoire les retient, et la culture est faite pour les rendre accessibles, même à des esprits bornés. Cette culture répertorie des hommes et des femmes illustres. Philosophes, écrivains, poètes, artistes et savants constituent la sève nourricière de cette identité culturelle. La conserver, c'est faire honneur à cette terre millénaire, qui a vu passer envahisseurs et colonisateurs de toutes sortes. Depuis, les clivages ont fait du chemin. La notion de nation s'est fourvoyée, et on en est rendu à la négation de notre culture, de notre patrimoine, de notre passé, de tout ce qui a fait que l'Algérie est ce qu'elle est. D'ailleurs, la conscience d'un devoir contracté à l'égard des anciens ne nous effleure même pas, et Yennayer sera fêté comme il se doit. C'est plutôt les colporteurs d'une ignorance crasse qu'il nous faut tacler. Ils n'ont pas besoin de cours d'histoire, mais d'une camisole de force. Et s'ils ont les chocottes, c'est par peur de la culture. Elle leur ferait ravaler bien des inepties sur la religion et sur ce qui les met en transe dès que la question identitaire est livrée en brut de décoffrage. Entendre hurler une soi-disant députée, suite à l'effigie de Jugurtha sur les nouveaux billets de banque : «Les banques sont dirigées par des habitants de ?dechra' et l'histoire est écrite par des traîtres», relève d'une hystérie incurable. Hystérie et ineptie faisant bon ménage, la «représentante parlementaire» ira jusqu'à qualifier le roi Massinissa, symbole de la Numidie, de rien que «chien des Romains», ce qui est gravissime pour l'histoire de l'Algérie. Pétrifiée dans le ridicule, comme ses pairs d'idiots bouffons avec leur «haram», le retour à l'école s'impose, après la camisole de force. Ils y apprendront, peut-être, la culture qui leur fait si peur?
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Posté Le : 09/01/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M N
Source : www.letempsdz.com