Algérie

La culture est aussi politique



La culture est aussi politique
La culture a de tout temps été la bête noire des régimes autoritaires et dictatoriaux, qui ont tenté d'orienter son contenu en manipulation son essence même, à savoir les expressions artistiques.Au-delà de son pouvoir de transmettre les idées d'une façon efficiente et efficace, l'art a cette capacité extraordinaire d'éveiller les consciences des populations. Il leur permet de développer une «non-capacité» à la domination et à l'asservissement par une seule personne ou par une poignée d'individus. En Tunisie, les artistes et les écrivains étaient à l'avant-garde de la Révolution de jasmin qui a «dégagé» le dictateur Zine El Abidine Ben Ali, dont le culot n'avait pas de limites pour instrumentaliser l'action culturelle et artistique. Il avait, pendant son règne, utilisé l'art et la culture pour la glorification de sa propre personne.Toute création qui ne contribuait pas à atteindre cet objectif n'était pas financée, pas diffusée, marginalisée, voire censurée si les nombreuses commissions de censure avaient des doutes sur le message véhiculé. Mais cette entreprise ne lui a servi à rien, tant qu'à travers l'histoire, la manipulation de la culture n'a jamais réussi aux dictateurs. Le 1er mars, des citoyens algériens, soucieux de l'avenir de leur pays, qui se trouve à la croisée des chemins après 52 ans d'un règne autoritaire, sont sortis exprimer leur ras-le-bol et dire leur indignation après l'annonce de la candidature, pour un quatrième mandat, d'un homme malade, cloué dans une chaise roulante après un accident vasculaire cérébral survenu en avril 2013.Parmi ces citoyens courageux, une bonne partie était composée d'artistes, d'écrivains, de journalistes et d'activistes culturels. Conscients de la dangerosité de la situation dans laquelle se trouve le pays, ils dénonçaient logiquement, aussi, la politique culturelle autoritaire, héritée de la colonisation, qui a utilisé les arts et la culture de tout un peuple pour glorifier un régime malade, comme son Président. Quand nous avions organisé, en mars 2012, une rencontre sur la politique culturelle en Algérie à l'espace Mille et Une News à Alger, des individus «non identifiés» étaient présents dans la salle.Après nous avoir traités d'agents de la main étrangère, de binationaux, etc., ils nous avaient intimé l'ordre de ne plus parler de «politique culturelle», car cela reviendrait à dire que notre action est politique et non culturelle. Suite à cela, et après leur avoir rappelé que de toutes les façons, si nous voulions faire de la politique, la Constitution algérienne nous garantissait ce droit, et que si nous étions des binationaux, nous l'aurions assumé, contrairement à ceux qui les ont envoyés, nous avons répondu en citant Brecht : «Dire que la culture n'est pas politique, c'est en soi faire de la politique.»




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