Algérie

La culture en grand en format



La culture en grand en format
La station a ainsi lancé, jeudi dernier, dans son programme relooké, un magazine culturel qui, deux heures durant, reviendra chaque jeudi, (entre 9h et 11h), sur l'essentiel de l'actualité culturelle de la semaine avec des invités, des reportages sur les différents événements telles les journées cinématographiques de Bejaïa. Il en a été d'ailleurs question. Le premier numéro ne pouvait manquer de s'attarder sur le dernier Festival du théâtre qui a soulevé beaucoup de vagues. Certains estiment qu'au vu de la qualité médiocre des prestations, le quatrième art a atteint le fond et qu'à moins d'une refonte totale des modes de gestion, de nouvelles thématiques, il ne cessera « de creuser encore et encore » pour reprendre le bon mot de Fellag. L'alerte est donnée depuis belle lurette. Deux invités de l'émission ne semblaient pas convaincus et estimaient que le théâtre à encore de beaux jours devant lui. Tout n'est pas noir en somme et que si la bataille de la quantité a été gagnée, celle de la qualité est à la portée. On a mis en avant l'ouverture de plusieurs théâtres dans des villes de l'intérieur comme Souk Ahras, Guelma ou Mascara. L'un d'eux a évoqué une rupture générationnelle rappelant qu'au lendemain de l'indépendance, des comédiens, à l'instar d'Aggoumi ou de Benguettaf, ont eu à évoluer à l'ombre des Sissani, Keltoum, Rouiched. La décennie noire était, par contre, une césure. Les jeunes comédiens n'arrivent pas à émerger. Ils se perdent dans des recherches formelles et à moins d'être un « spécialiste » ou de fréquenter le petit milieu du théâtre, il sera difficile de citer le nom d'un jeune premier. On a évoqué aussi le manque de formation dans les métiers qui font « tourner » la machine complexe du théâtre et requérant plusieurs compétences techniques et administratives. Et si le mal était ailleurs ' Et si l'émetteur était problématique que le récepteur ' On a parlé lors du débat de tout sauf du spectateur.Nous ne sommes pas sans doute revenus au milieu des années 1920 quand Bachtarzi évoque dans ses mémoires la quête effernée par les fondateurs d'un public. On avait une troupe, des textes mais il fallait ramener les gens vers le théâtre, en premier lieu, la petite élite d'alors. C'est un fait avéré que les Algériens se rendent de moins en moins au théâtre comme au cinéma d'ailleurs. Il ne faut pas incriminer seulement la qualité ou la quantité de l'offre qui s'est diversifiée. Plusieurs facteurs se sont ligués pour éloigner les publics du spectacle. Les programmes de la télévision variés satisfaisant sans doute de plus en plus le côté voyeur du spectateur moyen font que le spectacle au théâtre n'est plus ressenti comme un besoin. La gestion urbaine qui rend impossibles et parfois risqués les déplacements au-delà d'une certaine heure sont parmi tant d'autres facteurs qui ont éloigné le public du théâtre. Le TNA lui-même n'est plus au c?ur de la capitale, se trouvant désormais loin de ses publics naturels. L'école surtout ne joue plus son rôle. Sans lecture et sans lecteurs, il ne peut pas y avoir de public. Que signifierait aujourd'hui pour la majorité des étudiants, une nouvelle version de « la Chute » de Camus ou du « Foehn » de Mouloud Mammeri. Le théâtre algérien dans ses moments de gloire s'adossait à un environnement intellectuel de qualité. L'université et les lycées où activaient des amateurs préparaient en quelque sorte l'étudiant à découvrir un auteur. Des auteurs classiques comme Molière ou Racine étaient inscrits dans les programmes. Il nous revient à l'esprit ce court passage des « Mémoires » de Bachtarzi où il fut l'accompagnateur de l'émir Khaled à Alger qui cherchait en 1921 à placer des billets pour une représentation au Casino de la rue d'Isly d'alors « Medjnoun Leïla » de Ahmed Chawki et une reprise de Saladin auprès de commerçants de la Basse Casbah. Quel intérêt a cette corporation pour le spectacle de nos jours ' Que pense le jeune d'aujourd'hui du théâtre, en quoi cette activité est utile ' Y retrouve-t-il son vécu ' Autant de questions qui doivent nourrir le débat.




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