Algérie - Amine Zaoui

La culture du sang. Fatwas, femmes, tabous et pouvoirs d'Amin Zaoui, (Essai) - Éditions Le serpent à plumes, Paris, 2003



La culture du sang. Fatwas, femmes, tabous et pouvoirs d'Amin Zaoui, (Essai) - Éditions Le serpent à plumes, Paris, 2003
La culture du sang” dans la littérature

“Ni se prosterner devant le premier ni se mettre au garde-à-vous devant le deuxième”, ainsi commence et se pose le regard du romancier Amin Zaoui sur une Algérie meurtrie, sous le titre La Culture du sang.

L’ouvrage est tout à la fois un “j’accuse”, un “best-seller”. L’auteur n’a pas pris de détours pour clouer au pilori la scandaleuse muselière soigneusement placée sur la taille de chaque bouche, les œillères plaquées de chaque côté des yeux des grands et des petits et enfin le bandeau bien scotché sur la portée de chaque voix. C’est une victoire conquise sur le silence international (y compris et surtout celui du monde arabe, dira-t-il) qui a endeuillé et affligé l’Algérie tout entière des années durant.

Le mot silence est le maître-mot, le mot atomique étendu à longueur et à volonté de l’ouvrage. Il est le centre d’intérêt par lequel le romancier décrit “la mise à nu” sur les nombreuses et variées complicités. Les volontaires et les non-volontaires. C’est la même chose, dira-t-il, elles ont toutes deux laissé produire l’abominable et l’absurde. Amin dénonce le “maquis du silence” qui a renforcé le “maquis des intégristes”.

L’ouvrage traite aussi du sort des femmes, des tabous, des pouvoirs, de la situation de la culture, de la culture de la censure, des langues, du statut des créateurs, des interdits, des assassinats et de l’exil des intellectuels. Il ne se dit pas historien qui écrit l’histoire de son pays mais se dresse comme un des témoins de la tragédie qui a sans cesse écouté le silence des autres enfoncer l’Algérie dans l’antre de la cruauté et de la monstruosité.

Il a vu s’élargir l’empire de la peur chaque jour un peu plus. “On ferme le tombeau d’un ami pour ouvrir un autre pour un être cher... On revient d’un enterrement pour partir à un autre.” Il voit chaque jour s’allonger “la liste vers la mort et une autre vers l’exil”. Il voit les artistes, hélas, se soumettre à la géhenne et souffrir en silence puisque leurs terribles cris, lancés à la face du monde, ont fait faible écho. On n’a pas voulu qu’ils aient d’écho du tout.

Ce monde leur pend des oreilles déjà bourrées de cire et dont l’intensité de la sourdine est à la mesure des objectifs et des intérêts des uns et des autres. Il voit jour après jour dans ce théâtre Algérie estropiée “se propager la mort multicolore”. Il montre comment, durant trois décennies, “la caste au pouvoir, par son triomphalisme populiste et son héroïsme de cirque, a engendré et développé le phénomène de l’intégrisme”. Ainsi, Amin Zaoui lève le rideau sur les silences... tous les silences.


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