Algérie

La culture du cerisier face à des lendemains incertains



La culture du cerisier face à des lendemains incertains
Comme il est de coutume, le débat sur la promotion des produits du terroir est relancé à l'occasion des fêtes locales que chaque région du pays organise pour faire la promotion de ses propres potentialités. C'est le cas dans la localité de Larbaâ Nath Irathen, (wilaya de Tizi Ouzou), où a eu lieu ce week-end la 7e édition de la Fête de la cerise.
C'est alors l'occasion pour revenir sur l'état des lieux de ces différents produits qui font la richesse de ces localités rurales à une ère où les politiques de développement sont plus que jamais tournées vers l'approche territoriale, comme c'est le cas en Europe où la PAC (politique agricole commune) accorde une place privilégiée à la notion du territoire/terroir.
Qu'en est-il de la cerise et de la récolte de cette année dans la région de Tizi Ouzou qui, faut-il le rappeler, concentre plus de 40% du potentiel national de ce produit ' Les services agricoles de wilaya tablent ainsi pour cette année sur une production globale de près de 20.600 quintaux, soit une différence de 400 quintaux seulement par rapport à l'année précédente où la production a été de l'ordre de 20.200 quintaux. Une évolution timide malgré des conditions climatiques plutôt favorables cette année par rapport à la saison d'avant. Les exploitants des champs de cerisiers imputent ce handicap à plusieurs facteurs dont, notamment, la maladie du capnode qui continue de sévir et de ravager cette espèce d'arbres fruitiers sans qu'aucun traitement ne parvienne à le neutraliser. D'autres citent le manque de maîtrise des techniques modernes en amont et en aval de l'exploitation de la cerisaie.
A cet égard, le constat dressé par la subdivision agricole de la région de Larbaa Nath Irathen souligne : «Malgré tous les efforts consentis pour développer cette culture à travers les différents programmes de développement, notamment le FNRDA, la sole actuelle du cerisier ne représente que 1.210 ha, soit 56% des réalisations. Les 44% restant du patrimoine planté représente probablement les vergers dépéris suite aux attaques par le capnode et à l'absence de traitement phytosanitaire contre ce ravageur le plus redoutable contre le cerisier». En d'autres termes, près de la moitié de la cerisaie de la wilaya de Tizi Ouzou (44%) n'est pas réellement identifiée.
Parmi les autres contraintes qui ont été soulevées par les opérateurs ou les responsables techniques : «Absence de soutien de l'Etat pour le greffage du merisier sur place, sachant que porte-greffe (le merisier), qui est le mieux adapté à la région, n'est produit par les pépinières qu'en nombre très limité». Bien que les régions de haute montagne dans la wilaya de Tizi Ouzou renferment d'importantes potentialités pour développer cette culture, mais la filière peine à sortir du giron artisanal qui la caractérise. Lors d'une conférence-débat organisée à l'occasion de cette fête à Larbaa Nath Irathen, plusieurs agriculteurs de la région ont soulevé d'importantes préoccupations concernant, par exemple, le greffage, la taille, ou même les techniques de cueillette qui permettraient de limiter les dégâts portés à l'arbre.
Des soutiens de l'état au compte-gouttes
Certes, des universitaires ayant pris part à cette rencontre ont tenu à apporter des éclairages aux exploitants, mais il aurait été plus adéquat si les responsables locaux du secteur agricole prenaient en charge d'une façon permanente l'encadrement et l'orientation des agriculteurs.
Evoquant la question des rendements, le professeur Belgat Sassi de la faculté d'agronomie à l'université de Mostaganem fera savoir que plusieurs facteurs déterminent les rendements à plusieurs étapes, depuis la plantation et le greffage jusqu'à la récolte. «Il expliquera alors que l'ampleur d'un arbre ne signifie pas une bonne récolte. Un cerisier de 3 ou 4 mètres de haut peut donner un rendement meilleur qu'un cerisier de 50 ou 60 mètres», dira-t-il en expliquant les techniques de taille. Au chapitre des objectifs escomptés par les différents programmes de développement ayant ciblé le cerisier ces dernières années, le bilan est peu ou pas réjouissant.
Un bilan selon lequel l'extension de la cerisaie de la wilaya de Tizi Ouzou entre 2000 et 2011 a été de 290 hectares seulement, dont il n'y a que 50 ha qui ont bénéficié du soutien et des financements du FNRDA. A ce rythme, le soutien accordé par les politiques publiques à la culture du cerisier ne représente que 7% des aides totales affectées à l'arboriculture. Le nombre de paysans ayant bénéficié du soutien de l'Etat n'est que de 108, ce qui est insignifiant si l'on tient compte du potentiel dont dispose la région dans ce créneau. Il est étonnant tout de même de savoir que les réalisations de la période entre 1968 et 1972 ayant atteint 1.380 hectares de plantations dépassent largement celles de cette dernière décennie (2001-2011), malgré toutes les disponibilités en financement de ces dernières années que ce soit dans le cadre du FNRDA ou du renouveau rural.
Concernant les performances de cette saison, les exploitants rencontrés à Larbaa Nath Irathen ont fait état de rendements à l'hectare d'une moyenne de 20 quintaux. Lequel paramètre qui diffère d'un arbre à l'autre. Les spécialistes en arboriculture ont fait savoir que les jeunes arbres ont eu des rendements allant jusqu'à 50 kg tandis que les arbres de plusieurs années ont eu des rendements ne dépassant pas les 20 kg. En tout cas, plusieurs insuffisances ont été relevées concernant le suivi et l'encadrement. C'est le cas de cet agriculteur qui regrettera : «En 2003, j'ai demandé une variété de plants à une pépinière agréée par l'Etat pour des plantations dans le cadre du FNRDA, mais finalement j'ai eu une autre variété qui n'est pas adaptée aux conditions bioclimatiques locales. En conséquence, les rendements sont médiocres et décourageants».




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