Algérie

La culture de l'ennui



Il m'est arrivé, au lendemain, par exemple, d'une soirée joyeuse, passée auprès d'amis et d'amis à des amis, de me demander comme, sans doute, beaucoup d'entre vous, pourquoi les Algériens se satisfont d'une vie presque à huis clos. Pourquoi ils préfèrent vivre entre eux ' Pourquoi se retrouver en comité restreint leur convient tant ' Ce n'est pas qu'il soit désagréable d'échanger ou d'écouter ce que disent les quelques personnes réunies à l'occasion d'un dîner organisé pour le plaisir de se retrouver. Non ! Ce qui agace quelque peu ma réflexion au moment où je m'interroge, c'est la réponse. Je ne trouve pas d'explication au fait que les Algériens en soient réduits à préférer ce mode de vie, pas très joyeux, mais aussi au fait qu'ils en soient à manquer tellement d'entrain et à renoncer à une vie sociale plus entreprenante. Je ne parle pas ici de la vie dans les petits villages, de l'intérieur du pays où le rythme quotidien est volontairement organisé autour de la famille proche, de celle un peu plus lointaine et enfin du voisinage. Je pense aux grandes villes. J'ai beau tout mettre sur le dos de ces terribles années où la menace terroriste avait réduit nos gestes et déplacements à leur plus simple expression, cette cause-là ne répond pas vraiment à ce qui me préoccupe. Elle n'explique pas, non plus, pourquoi nous avons aussi vite pris le pli de vivre recroquevillés sur nous-mêmes et de fonctionner en réseau fermé. Rompre avec l'ennui en refaisant le monde en cercle fermé tout en se disant que l'on se regroupe par affinités n'est-il pas risqué au sens où, en procédant de la sorte, nous nous coupons d'un pan important et non moins intéressant de la société ' Il m'arrive parfois de renoncer à aller à un concert de musique, à une conférence ou à un vernissage juste parce que je suis quasi certaine d'y retrouver les mêmes personnes. Dans une capitale comme Alger qui se meurt d'ennui et où l'inactivité fait la part belle à l'oisiveté, je ne suis pas surprise que les gens en soient à manquer d'envie au point de rompre avec l'imagination. C'est, pourtant, plus la banalité du renoncement comme seconde nature qui m'inquiète.M. B.


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