La scène politique, en Algérie, offre par moment un spectacle désolant. Bien que chaque parti doive se définir par son degré d’autonomie et son projet politique, certains acteurs politiques s’en prennent injustement à d’autres à cause de leur divergence d’idées. Alors que dans les pays avancés ces acteurs se mettent autour d’une table, en Algérie, ces acteurs règlent leurs comptes à distance. Invité au forum de « Liberté », Ali Yahia Abdenour fait un procès au FFS, indigne en tout cas de sa stature. « Certains responsables veulent nous faire croire que ce parti peut prendre des décisions en l’absence de Hocine Ait Ahmed. Or, cela est faux », déclare-t-il. Ce que ce vétéran feint d’ignorer, c’est qu’en toute circonstance les principes directeurs du FFS sont jalousement préservés. Et pour les militants, bien qu’il ne préside plus le parti, Hocine Ait Ahmed est toujours présent dans les débats.
De toute évidence, pour le FFS, ce genre d’attaque, qui ne sert pas de surcroit la démocratie, est devenu, ces derniers temps, la monnaie courante. Et si Ali Yahia Abdenour veut polémiquer sur ce sujet, il faudra aussi qu’il compare le parcours du FFS à celui de ses alliés du moment. Certains d’entre eux n’ont-ils pas quitté le gouvernement, il y a seulement de cela quelques mois ? Il doit assumer aussi le parcours de ses alliés. À vrai dire, cela ne devrait pas lui poser de problème dans la mesure où, dans un passé relativement lointain, il a abandonné le combat de l’opposition pour consolider la dictature, incarnée à l’époque par Ben Bella et Boumediene. Et lorsqu’il est revenu derechef dans l’opposition, les militants des droits de l’homme n’ont pas été sévères à son égard, sauf ses alliés d’aujourd’hui, qui dans les années 1990, ont tout fait pour le discréditer pour ne pas avoir soutenu le coup d’État de janvier 1992.
À présent, il semblerait que le vieux syndicaliste ne croie plus à ce principe. « L’armée doit assumer ses responsabilités », préconise-t-il. Quelles responsabilités ? Ali Yahia Abdenour reste évasif. Contrairement à ses alliés de la CNTLD qui prône l’immixtion de l’armée dans l’arène politique, l’ancien avocat d’Abassi Madani et Ali Belhadj demande à ce qu’elle contraigne « ceux qui sont au pouvoir d’appliquer les lois en vigueur. » En tout état de cause, cette attitude montre que la radicalité d’une certaine opposition repose sur l’intervention du régime contre lui-même. Autant dire tout de suite que le choix n’est ni approprié ni de nature à amorcer le processus de changement dans notre pays. D’ailleurs, deux figures de la scène politique nationale, Mouloud Hamrouche et Mokrane Ait Larbi, démontrent que les revendications de la CNTLD sont irréalisables. Le premier explique l’inapplicabilité de l’article 88, car il est verrouillé par d’autres dispositions constitutionnelles. Le second argue que la revendication d’une présidentielle anticipée est insensée dans la mesure où cela est du ressort du chef de l’État.
Néanmoins, pour qu’il y ait un véritable changement, il n’existe pas mille voies. Il y a celle de raison, défendue par le FFS. Celle-ci consiste à créer les conditions d’un dialogue national inclusif et à mettre de côté toute recherche d’un rapport de force. De l’autre côté, il y a l’épreuve de force. Or, bien que celle-ci soit souhaitée par Ali Yahia Abdenour, les membres de la CNTLD ne veulent pas en entendre parler. À vrai dire, ils ne veulent pas y penser dans la mesure où la plupart sont issus de ce système et d’autres l’ont défendu, dans les moments difficiles, les armes à la main. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que tout cela démontre l’incohérence de la CNTLD. Comme le démontre si bien M. Saadoune du Quotidien d’Oran, la CNTLD « demande à l’armée de ne pas soutenir le pouvoir, mais de l’autre on formule une demande de présidentielle anticipée qui lui est implicitement adressée. »
Pour conclure, il va de soi que l’Algérie ne peut pas se permettre de perdre son temps dans des palabres qui n’en finissent pas. Et pour qu’elle puisse aller de l’avant, l’Algérie doit écouter les voix qui appellent au dialogue et au changement pacifique n’opposant pas une partie des Algériens contre une autre partie. À ce titre, bien qu’il n’existe pas de solution parfaite, la conférence nationale de consensus est celle qui garantit une sortie de crise sans heurts.
Ait Benali Boubekeur
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Posté Le : 14/12/2014
Posté par : AitBenaliBoubekeur
Ecrit par : Ait Benali Boubekeur