La crise zimbabwéenne aura finalement pesé sur les travaux du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine qui doivent s'achever aujourd'hui dans la station balnéaire égyptienne de Charm El-Cheikh.
La réélection au second tour du ?''Vieux'' aura, en fait, provoqué un tollé général au sein de la communauté internationale. A Charm El-Cheikh, les dirigeants africains, dont le président Abdelaziz Bouteflika, s'efforçaient de gérer les crises récurrentes qui minent un continent depuis longtemps à la dérive. Plusieurs dossiers, qui devaient être discutés durant ces travaux, notamment la mise en oeuvre d'un gouvernement africain, le mécanisme de gestion des conflits, le NEPAD et la problématique de la famine en Afrique, auront été pratiquement survolés ou mis au second plan par la crise zimbabwéenne. Les conflits récurrents en Afrique ont été discutés durant la 1ère journée de ce sommet, notamment l'accord de paix en Somalie, un pays qui n'existerait plus que sur une carte géographique. En fait, la 11ème session ordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine a été zappée par la crise politique au Zimbabwe, née de la volonté du président Robert Mugabe à ne pas céder le pouvoir, même par les urnes. Une crise politique qui risque de plonger ce pays dans une guerre civile aux conséquences désastreuses pour le reste de l'Afrique australe. Tout de suite après avoir prêté serment au terme d'élections qualifiées de ?''farce électorale'' par la communauté internationale, et ?''ni justes ni équitables'', selon les observateurs de l'UA, Robert Mugabe a rallié la station balnéaire égyptienne, dimanche, dans la soirée. Les réactions des responsables africains sont restées ?''insondables''. Pour autant, le président gabonais, Omar Bango Ondimba, à la tête de ce petit pays depuis 1967, défend le ?''Vieux''. «Les Africains sont capables de décider par eux-mêmes. Nous avons même accueilli Mugabe comme un héros», a-t-il déclaré à des journalistes. Celui qui a rebaptisé sa ville natale, Lewai en Bongoville, a cru même bon d'ajouter que Robert Mugabe ?''a été élu, il a prêté serment, il est là avec nous, alors il est président», qualifiant les prises de position de la communauté internationale «un peu trop grossières». Cependant, Jean Ping, président de la Commission africaine, a estimé que l'Afrique «doit assumer pleinement ses responsabilités» dans la crise zimbabwéenne''. «L'Afrique doit assumer pleinement les responsabilités qui sont les siennes et faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider les parties zimbabweennes à surmonter les défis de l'heure», a lancé M. Ping à la tribune du sommet de l'UA. Depuis le Japon où il est en visite, le secrétaire général de l'ONU, le Sud coréen Ban Ki Moon, a dénoncé les conditions de déroulement du second tour des élections au Zimbabwe. Il a jugé la réélection de Robert Mugabe d'illégitime. Par ailleurs, d'anciens leaders mondiaux ont appelé lundi l'Union africaine à déclarer «illégitime» l'élection de Robert Mugabe à la présidence du Zimbabwe et à faciliter la mise en place d'un gouvernement intérimaire. «Nous demandons aux dirigeants africains de dire clairement que les résultats de l'élection du 27 juin au Zimbabwe ne sont pas légitimes parce qu'ils ont été produits après une vague de violences politiques ciblées qui ont poussé au départ l'un des deux candidats», écrivent-t-ils dans un communiqué. «Les observateurs électoraux africains n'ont laissé aucun doute: l'élection n'était ni libre ni équitable», ajoutent ces ex-leaders réunis dans un groupe de réflexion baptisé «les Anciens», et qui comprend notamment l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, l'ancien président américain Jimmy Carter, le Nobel de la paix sud-africain Desmond Tutu ou l'ancienne présidente irlandaise Mary Robinson. «Les Anciens» appellent également les «leaders courageux» de l'UA, actuellement réunis en sommet en Egypte, à nommer un envoyé spécial au Zimbabwe. Cet émissaire pourrait, selon eux, travailler avec le pouvoir et l'opposition pour former un gouvernement de transition jusqu'à de nouvelles élections. La crise politique au Zimbabwe ne pouvait pas ne pas attirer les Etats-Unis, soucieux de la sécurité dans cette partie de l'Afrique. Selon la secrétaire d'Etat américaine, Condoleeza Rice, la situation actuelle dans ce pays d'Afrique australe n'est pas seulement «une affaire africaine. C'est une question pour la communauté internationale, une question pour le Conseil de sécurité» des Nations unies. Elle a, en outre, depuis Pékin où elle a rencontré le président chinois Hu Jintao, rabroué le SG de l'ONU en estimant que la communauté internationale attendait «autre chose qu'une simple déclaration» de la part de l'ONU sur la crise au Zimbabwe. Selon des observateurs, Washington veut proposer au Conseil un nouveau projet de résolution comprenant un embargo sur les armes et une interdiction de quitter le territoire pour les dirigeants zimbabwéens. Mais la Chine, un des cinq membres permanents du Conseil, s'est dite opposée à de telles sanctions. Dimanche, à l'issue d'une rencontre avec Mme Rice, le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi, a souhaité que «les pays africains en particulier» jouent un rôle constructif dans la résolution de la crise zimbabweenne. Or, le silence et l'immobilisme des dirigeants africains depuis le début de la crise zimbabwéenne sont devenus très lourds et prennent davantage d'épaisseur quand beaucoup de ceux présents à Charm El-Cheikh sont au pouvoir depuis plus de 20 ans. Le cas du Zimbabwe n'est pas isolé. Un état de fait difficile à gérer, mais qui a plongé un continent riche en matières premières (agricoles et minières) dans une extrême pauvreté. Faut-il alors blâmer les seigneurs de la guerre ou les dictateurs qui ont ruiné les espoirs de leurs peuples ? Avant Robert Mugabe, il y avait un certain Robert Gei qui ne voulait pas céder le pouvoir en Côte d'Ivoire. Il est mort abattu de trois balles dans le dos, avec les membres de sa famille, et a plongé le pays le plus stable d'Afrique dans le chaos.
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Posté Le : 01/07/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Babès
Source : www.lequotidien-oran.com