Le sujet a été, encore une fois, remis sur le tapis par l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce), qui a organisé, hier, une conférence-débat avec les principaux intervenants issus du secteur de l'agriculture, de l'Office national du lait (Onil) et du groupe Giplait. Le président de l'Apoce, le Dr Mustapha Zebdi, s'interroge d'emblée sur les perturbations dans la production et la distribution du lait dont la poudre "n'a jamais manqué dans les dépôts" ainsi que la mauvaise qualité du lait en sachet, "rendant parfois ce dernier imbuvable par son odeur, sa couleur et sa consistance". L'association crie haro sur le baudet et parle "de fausses crises alors que le potentiel des laiteries est énorme". Pour cette dernière, les insuffisances sont liées, d'une part, à "la non-équité dans la distribution des quotas par l'Onil entre les laiteries publiques qui reçoivent la quantité voulue, pendant que les privées sont limitées avec en plus le paiement à terme". Ainsi, ce traitement discriminatoire entre les deux secteurs n'est pas, selon l'association, sans créer une importante défaillance. De plus, elle soutient que beaucoup de laiteries publiques sont accusées de détourner de la poudre de lait subventionnée destinée exclusivement à la production du lait en sachet, étayant cela par les sanctions prises par le ministère du Commerce contre 43 unités sur les 133 existantes. En outre, l'association montre du doigt l'ENPC, producteur du film polyéthylène (sachet) dont la qualité est médiocre. Elle en veut pour preuve les 250 000 à 300 000 litres de lait qui "vont quotidiennement dans les égouts pour cause de mauvaise qualité de l'emballage". Le rapport de l'association relève également que les laiteries publiques, au nombre de 15, sont généralement concentrées au niveau des grandes villes, alors que les privées (145) sont uniformément réparties sur le territoire national.L'expert agricole, Akli Moussouni, abonde dans le même sens, mais avec une thèse plus pessimiste. Pour lui, "tous les facteurs militent pour une vision sceptique dans la gestion actuelle de la filière lait. Elle est dans l'impasse", souligne-t-il. Et d'ajouter que celle-ci n'arrive pas à évoluer en matière de rendement malgré tout le soutien de l'Etat. Pour lui, le facteur le plus important de cette défaillance réside dans le manque de maîtrise des techniques d'extraction du lait qui s'explique par le retard technologique qu'accuse le secteur dans ce domaine."En Algérie, le rendement reste faible et le coût trop élevé", dira le spécialiste. En amont de cette chaîne, il explique, à titre d'exemple, la politique désuète de l'Etat en matière de nourriture des cheptels, une méthode vieille de plusieurs décennies alors que les nouvelles technologies se basent de nos jours sur une gestion informatisée des mangeoires. Que doit-on faire, alors, devant cette impasse ' Le spécialiste parle de "développer d'abord les élevages modulaires que sont les fermes de lait avec une moyenne de 200 vaches. Ces fermes doivent être performantes avec adaptation au climat". Représentant les services des douanes, Boudjemaâ Assous a donné l'évolution des importations du lait en poudre depuis 2005 qui sont passées de 674 millions de dollars à 1,07 milliard de dollars en 2013. Six pays, à savoir la Nouvelle-Zélande avec 280 millions de dollars, suivie par l'Argentine, la France, les USA, la Belgique et la Pologne, se partagent la demande algérienne en lait. Le douanier explique, toutefois, la progression dans les prix passée depuis octobre 2013 de 3 800 dollars la tonne à 5 054 dollars en février de cette année, avant de reculer à 5 001 dollars le mois suivant. La moyenne d'importation mensuelle est de 20 à 35 000 tonnes. Le principal importateur est l'Onil avec 52% alors que les privés se partagent 48%.Si avec ces chiffres qui donnent parfois le tournis et tentent de rassurer les consommateurs, l'Apoce s'interroge sur leur contradiction avec une réalité n'indiquant pas que tout va bien dans ce domaine. "Ce que nous voulons c'est la disponibilité, la bonne qualité et le juste prix, alors que le constat est tout autre", dira, à ce sujet, le Dr Zebdi, et d'attirer l'attention sur le fait que le sachet de lait est vendu à Tipasa à 30 DA. De même qu'il a rappelé que 500 tonnes de poudre de lait, dont on dit qu'elle est impropre à la consommation, sont au niveau du port d'Alger, actuellement. Cette quantité aurait pu aller sur le marché en effet. Les services de l'Onil rassurent, toutefois, dans ce cadre, que ce produit ne saurait être commercialisé sans les contrôles nécessaires au niveau des services sanitaires compétents.L'Apoce qui rappelle, entre autres, qu'avec une douzaine de laiteries, dont une publique, totalisant une capacité de production de 3 millions de litres par jour, le Grand-Alger ne devrait pas manquer de lait. Pourtant, ce n'est pas le cas. C'est pour cela que ses recommandations vont dans le sens de séparer les deux tâches de l'Onil, à savoir l'approvisionnement et le développement. Sur un autre plan, Giplait devrait arrêter la production des dérivés laitiers et la production de ces derniers ne doit pas être faite par la poudre de lait subventionnée. À rappeler, à cet effet, que l'ajout de l'amidon de maïs dans la poudre de lait a fait l'objet de vives critiques de la part des associations dont, notamment, celle des diabétiques, reprochant aux responsables de l'Onil de ne pas les avoir associés à une telle décision, même si l'Onil explique qu'il s'agit d'un traceur sans aucune nocivité, car d'un dosage très minime. À noter que le représentant du ministère de l'Agriculture a rassuré que la poudre de lait importée est de bonne qualité et que les pénuries sont conjoncturelles. Comme il a affirmé que l'ajout d'amidon de maïs ou traceur est une pratique qui se fait partout dans le monde pour améliorer la texture du produit. Le représentant de l'Onil a, de son côté, affirmé que toutes les dispositions ont été prises pour assurer une disponibilité du lait en sachet durant le Ramadhan.A. F.NomAdresse email
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Posté Le : 05/06/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Farès
Source : www.liberte-algerie.com