Algérie

La crise de Caracas doit nous servir de leçon !



Tout s'enchaîne et s'accorde judicieusement pour renforcer la certitude qu'il faut d'urgence opérer une rupture radicale mais aussi pratique avec la culture de la rente en Algérie. Il faut être sourd, aveugle, ou bien, au fond d'une grotte pour ne pas s'en rendre compte. Regarder autour de nous serait peut-être la meilleure méthode pour que nous nous réveillions de notre longue torpeur !En effet, depuis quelques mois, Caracas vit sous les feux de projecteurs qui fusent de toutes parts. La presse mondiale en parle d'ailleurs sans cesse avec une pointe d'inquiétude et de suspense. A l'origine du grabuge médiatique, le pays de Nicolás Maduro traverse une de ses plus graves crises économiques : une inflation galopante ayant atteint le record historique de 180.5% en 2015 avec un P.I.B diminué de 4.5 % sur la même période ; un état d'urgence économique décrété depuis le 15 janvier dernier pour 60 jours ; rareté, voire pénurie chronique des produits alimentaires de base ; économie drastique de l'énergie (au fait, chaque vendredi est chômé d'office pour près de deux mois et les administrations publiques sont contraintes de réduire leurs horaires sur ordre du gouvernement suite à la sécheresse provoquée par El Niño, laquelle a épuisé les réserves hydrauliques nationales). Sans oublier le décor misérable des queues humaines devant les boutiques et les supermarchés, le rationnement au jour le jour des denrées vitales pour des populations en détresse et le risque potentiel d'émeutes que tout cela pourrait provoquer à moyen terme. En un mot, le Venezuela est assis sur le cratère d'un volcan en éruption ! Et pourtant, rien ne le prédestinerait à un tel sort si l'on revenait juste quelques années en arrière. Que s'est-il passé alors pour qu'un pareil scénario soit possible aujourd'hui ' Boostée par la montée en flèche des prix des hydrocarbures dès 2000, l'économie vénézuélienne avait certes pu avancer à pas de géant durant toute une décennie mais sans que les responsables de la haute hiérarchie ne se soient préparés à l'éventualité du pire, ni n'aient eu la moindre idée de refonder un vieux système économique mono-exportateur de l'or noir (95% des rentrées de devises), en le diversifiant (industries légères, agriculture, tourisme, etc.). Et la dernière chute vertigineuse des prix du pétrole n'étant que la goutte qui a fait déborder le vase. Le malheur c'est qu'à cette situation extrêmement difficile s'est agrégé, comme on le constate à présent dans notre pays, «le phénomène de la corruption massive» qui aurait gangrené des secteurs économiques entiers et même les appareils d'Etat. Du coup, l'impasse ne fait plus de doute et les 380 milliards de dollars de revenus engrangés depuis 1999 n'ont pu servir à grand-chose car souvent détournés ou utilisés à mauvais escient.Du reste, une poignée de spécialistes s'est déjà mise à s'interroger sérieusement si cela n'est pas le début de la fin du mythe bolivarien de Chavez peu assumé selon certains par son successeur et, par ricochet, de toute la pensée de gauche radicale en Amérique latine. Quand d'autres pensent plutôt à «l'essoufflement passager d'un géant» qui a toutes ses chances de réussir mais nécessite seulement un renouveau économique et politique d'envergure. Or entre ces deux visions se pose avec acuité la sensible question du «pragmatisme économique» jusque-là complètement négligée aussi bien par Caracas que par Alger.




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