La criminalisation du payement des rançons pour financer le terrorisme n'est toujours pas consacrée à l'échelle internationale, a relevé hier, à Alger l'universitaire Mustapha Saidj, déplorant que le mémorandum d'Alger sur les bonnes pratiques liées à la question n'ait pas un caractère «obligatoire».«La communauté internationale, notamment les Nations-Unies, continuent à juste considérer le payement des rançons contre libération d'otages comme un des mécanismes de financement du terrorisme alors que cette pratique doit être criminalisée», a observé l'universitaire dans son intervention à la rencontre organisée par le Syndicat national des magistrats sur «la lutte antiterroriste et les droits de l'Homme». Soulignant que l'Algérie est «l'un des pays leaders» en matière de lutte contre le payement des rançons, le conférencier s'est félicité que l'Union africaine (UA) puis la Ligue arabe aient adopté la même démarche dictée par le mémorandum d'Alger sur «les bonnes pratiques en matière de prévention contre les enlèvements et la rançon par des terroristes», relevant néanmoins qu'«à ce jour, ce n'est pas le cas au niveau international». M. Saidj a regretté, à ce propos, que ce document de référence ne soit pour l'heure considéré que comme étant des «règles morales» n'ayant pas de caractère «obligatoire», relevant que les Nations unies «se sont contentées d'en saluer le contenu sans aller jusqu'à criminaliser la pratique», relevant que l'application des droits de l'Homme obéit plus à la logique de «deux poids, deux mesures», l'intervenant a souligné que «ce sont les politiques interventionnistes des puissances occidentales dans différentes régions du globe et la course pour s'accaparer des richesses de celles-ci qui favorisent l'expansion du terrorisme et la pratique des enlèvements». «Et c'est au nom de la lutte contre ce même terrorisme que ces puissances justifient leurs interventions militaires dans des régions comme la Corne de l'Afrique, le Sahel, l'Afrique de l'Ouest, etc.», a-t-il poursuivi, notant l'existence d'«intermédiaires entre les multinationales qui payent des rançons et les groupes terroristes qui en bénéficient». L'enseignant en sciences politiques et relations internationales à l'université d'Alger a indiqué, à ce sujet, que les groupes armés négocient la libération de leurs otages avec la partie qui «paye le plus», citant le cas de la France qui, entre 2008 et 2014, avait monnayé prés de 60 millions de dollars contre la libération de ses citoyens, sur un total de 165 millions de dollars versés aux terroristes, dont 125 millions de dollars au seul groupe d'Al-Qaïda.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/06/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M R
Source : www.lnr-dz.com