Algérie

"La création en banlieue : un art de combat '" en débat



Cette rencontre porte sur ces "territoires qui cristallisent les préjugés de tous ordres, les banlieues qui sont davantage le laboratoire d'une vitalité artistique qui repose sur l'invention permanente de leurs propres modèles de création et de diffusion, là où les pouvoirs publics tardent à soutenir leurs créateurs".La crise sanitaire semble s'inscrire partout dans la durée et impose un ralentissement drastique des activités humaines dans pratiquement tous les domaines. La culture ? ainsi que d'autres secteurs ? voit ses espaces se réduire comme une peau de chagrin, à telle enseigne que la déprime gagne les sociétés qui ne disposent plus d'endroit pour souffler et se détendre d'un quotidien stressant.
Un peu partout dans le monde, des voix s'élèvent pour réclamer plus de liberté que les mesures barrières contre la Covid-19 ont mise sous le boisseau. Des groupes de jeunes, dépités par la fermeture des lieux culturels, impatiens, se retrouvent dans des réunions "artistiques" clandestines pour "faire la fête", au mépris des règles sanitaires. Ils créent, ce faisant, des foyers d'infection qui aggravent l'expansion de l'épidémie.
D'autres, heureusement plus nombreux, se rabattent sur le monde virtuel pour assouvir leur désir de culture et d'évasion. Les plateformes de vente par internet voient leur chiffre d'affaires exploser, au grand dam des petits commerces, comme les librairies.
Des méga-concerts de stars du show-biz sont de plus en plus diffusés en direct sur internet, permettant aux fans d'en profiter et aux artistes de gagner de l'argent, puisque les accès sont payants. Le virtuel s'impose actuellement comme l'un des vecteurs de maintien des activités économiques, commerciales et culturelles. Les universités dispensent leurs cours à travers le net, tout comme nombre d'institutions culturelles qui organisent des conférences et des débats en ligne.
C'est le mode choisi par le Musée de l'histoire de l'immigration, situé dans le 12e arrondissement de Paris. Sous l'intitulé "Le Musée part en live", il propose, avec ses partenaires, des débats en ligne, comme celui du 25 novembre 2020 sur le thème "La création en banlieue : un art de combat '"
Le débat porte sur ces "territoires qui cristallisent les préjugés de tous ordres, les banlieues qui sont davantage le laboratoire d'une vitalité artistique qui repose sur l'invention permanente de leurs propres modèles de création et de diffusion, là où les pouvoirs publics tardent à soutenir leurs créateurs", affirme-t-on dans la présentation de l'événement, ajoutant : "Longtemps relevant de réponses sociales et non d'une véritable politique culturelle, l'art produit par et inspiré de la banlieue conduit à dépasser les clivages entre le centre et la périphérie (...) entre la rue et le musée, à l'image de cette jeunesse française créative et libre dont il constitue l'un des langages."
Oui, l'art des banlieues est celui de tous les combats, d'abord de la volonté d'affirmer les identités plurielles qui coexistent en France, ensuite un combat pour s'imposer dans une société qui a tendance à "oublier" les habitants des "périphéries", qui renferment pourtant nombre d'intellectuels et d'artistes émérites. Dans ce débat virtuel interviennent : Maïmouna Doucouré, scénariste et réalisatrice, Shuck One, graffiteur et peintre, Bintou Dembélé, chorégraphe, directrice de la compagnie Rualité et Aurélie Cardin, productrice, déléguée générale du festival Cinébanlieue.
La rencontre en ligne est animée par Nora Hamadi, journaliste à Arte et rédactrice en chef du magazine Fumigène. Née en 1980 à Longjumeau, dans l'Essonne (département 91), de parents originaires d'Ighil Bougueni (Aïn El-Hammam), Nora Hamadi est diplômée de Sciences-po de Paris-Nanterre et est aujourd'hui une personnalité remarquable du paysage médiatique français.
Il convient aussi de rappeler que le Musée de l'histoire de l'immigration a déjà organisé d'autres débats en ligne dans le contexte de la Covid : "Migrations et Covid-19 : le grand retour des frontières '", "Migrants, quartiers populaires, les boucs émissaires de la Covid-19 '", "Racisme, antiracisme, discrimination : de quoi parle-t-on '"
Ce sont des thématiques qui relèvent des compétences classiques du Musée, qui "présente deux siècles de l'histoire de l'immigration sous un angle neuf en croisant les points de vue historique, anthropologique et artistique", ainsi que, régulièrement, "une programmation artistique et culturelle : expositions, conférences, concerts, cinéma, théâtre". Etant fermé pour cause de Covid-19, l'établissement utilise le virtuel pour maintenir un minimum d'activité.

Ali BEDRICI


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