Algérie - 05- La période Ottomane

La Création du Beylik de Qacentina



La Création du Beylik de Qacentina
Qacentina était obligée, pour se ravitailler, de recourir au marché local. Kaïd Youcef s'entendit avec cheikh Lefgoun, cheikh el baladia, pour prendre contact avec les Ouled Yacoub Ben Ali, la fraction la plus importante de la grande tribu Malienne des Douaouda dont le territoire de parcours s'étend sur une grande partie du Constantinois allant des alentours de Annaba à Sétif, et sur le Sud jusqu'à Touggourt. Les Ouled Yacoub Ben Ali livreraient les approvisionnements voulus aux garnisons de Qacentina, les Turcs fourniraient en échange de la poudre et des munitions en quantités désirées. D'El Djazaïr d'où il chassa les Espagnols du Pénon (1529) Khair-eddine entreprit d'autres campagnes dont celle dirigée contre le sultan hafside de Tunis. Celui ci fit appel à l'aide de Charles Quint qui reprit La Goulette et força Khair-eddine à abandonner Tunis le 20 juillet 1534. Khair-eddine regagna sa capitale via Annaba par mer avec 4.000 hommes, et Hassan Agha Sardo avec 1.500 hommes par la route via Qacentina. Ils demandèrent à faire halte en ville, mais craignant de subir la pression du nombre et connaître des humiliations de la part de cette troupe cosmopolite et affamée, la population de Qacentina s'opposa à leur entrée dans la cité. Cheikh Lefgoun et kaïd Youcef s'entendirent avec Hassan Agha pour que la troupe campe à l'extérieur des remparts et reçoive des approvisionnements de route ainsi qu'une indemnité en espèces. La faible garnison restée en place à Qacentina connut à la suite de cet incident de nombreuses difficultés dans ses rapports avec la population. Hassan Agha Sardo, qui assumait l'intérim à Alger en l'absence de Khair-eddine nommé capitan pacha à Istambul, fit établir des garnisons de janissaires en tous les points sensibles soit pour combattre les populations hostiles, soit pour surveiller les chefs locaux dont la fidélité était incertaine. Dans les Ziban, il eut à intervenir contre une fraction des Douaouda qui refusait à payer la dîme à Ali Bou Okkaz son feudataire. A Qacentina il lui attribua le titre de « cheikh el arab » avec le commandement de tous les Douaouda. Dans le même temps, il fit de Abdelaziz seigneur de la Kelaâ des Beni Abbas, le Khalifa de la Médjana (1542). L'Est constantinois en paix grâce à Ali Bou Okkaz, cheikh el Arab, et à Abdelaziz Khalifa de la Médjana, il s'attaqua aux Belkadi qui demeuraient hostiles dans le centre du pays. Il ne s'engagea pas lui même dans l'expédition : il chargea Abdelaziz, rival de Belkadi, des opérations en lui adjoignant une troupe de janissaires commandée par un agha. Hassan Pacha, fils de Khair-eddine succéda à son père. Il confirma les accords établis par son prédécesseur avec ses précieux alliés sur l'étendue de leurs domaines, leur titre et leurs prérogatives. Il fut donc entendu que les Douaouda descendants de Yacoub Ben Ali Bou Okkaz, exerceront leur pouvoir sur les territoires situés entre Qacentina et El Eulma ; Que les Herrar, cheikhs héréditaires des Hanencha, s'occuperont de ceux de l'Est de Qacentina ; que la famille Abdelaziz commandera les territoires qui s'étendent à l'Ouest de Sétif jusqu'à Bouira. Les Turcs, quant à eux, conserveront l'autorité directe dans les villes ou localités où stationnent leurs garnisons, et exerceront leur tutelle sur tous. Chaque tribu devra, en outre, verser au Trésor un tribut annuel et, répondre, en toute circonstance, à l'appel des autorités turques. Dans ce cas, les dits chefs de tribus disposeront du privilège de marcher, le drapeau déployé et au son de la musique. Ce privilège n'était consenti qu'aux beys lors des campagnes. Ce qui prouve l'importance et la puissance de ces féodaux dans la région pour que les Turcs consentent à céder en ce domaine. Cette tradition se conservera pendant longtemps dans le Constantinois où la féodalité demeurera puissante, conservatrice et souvent prête à la révolte pour défendre ses privilèges. Mais l'administration turque saura toujours jouer sur les rivalités entretenues entre eux pour s'imposer et réduire les plus belliqueux. Au cours de ses campagnes, Hassan Pacha fils de Khair-eddine eut à faire face à un certain nombre de difficultés internes qui le génèrent considérablement dans son action. Il constata qu'on perdait beaucoup de temps dans la transmission des ordres aux différentes garnisons ; que la coordination entre elles était lente et souvent imparfaite en raison des rivalités et des intrigues au sein des garnisons mêmes, que les contributions destinées au Trésor public ne parvenaient pas toujours le moment voulu ou ne parvenaient pas du tout. Au cours de ses opérations à l'Ouest, il décida de réunir tous les pouvoirs détenus par les kaïds jusque là indépendants les uns des autres, dans les mains d'un seul homme auquel il octroya la dignité de bey, responsable devant lui. Afin que ce gouverneur puisse sanctionner toute faute ou négligence dans l'exécution de ses directives, il lui conféra tous les pouvoirs civils et militaires. Cette organisation mise à l'épreuve lui permit d'opérer rapidement et avec succès. Hassan Pacha decida alors , en 1565, de partager le pays en trois provinces pour mieux l'administrer : l'Ouest l'Est et le Titteri, chacune gouvernée par un bey. Ce dernier est libre de choisir les membres de son gouvernement appelé : diwan. Le premier à avoir accédé à cette fonction fut Bou Khedidja désigné bey de l'Ouest à Mazouna en 1565. L'Est n'eut son premier bey en la personne de Ramdane Tchulak qu'en juin 1567, installé par Mohamed Agha fils de Salah Raïs à la suite d'un soulèvement de la ville de Qacentina : La tribu des Henancha venue de l’Est constantinois, jalouse des bénéfices que tiraient les Ouled Yacoub de leurs transactions avec les Turcs profita de l'absence de ces derniers pour tenter d'obtenir les mêmes avantages en obligeant les Turcs à traiter avec elle. Elle procéda au blocus de la ville cherchant à affamer la garnison. Kaïd Youcef tenta en vain de briser cette étreinte. Boudé par les citadins, harcelé par les Henancha, kaïd Youcef réussit à dépêcher quelqu'un auprès des Ouled Yacoub, qui transhumaient dans le Sud pour les appeler à son secours. Ceux ci remontèrent vers le Nord. L'affrontement entre les deux tribus se produisit dans la plaine de Sétif. Mais les sages des deux parties s'entendirent pour mettre un terme à ce conflit. Les terrains de parcours pour chaque tribu furent fixés avec précision. Les Henancha évolueront à l'Est, et les Douaouda à l'Ouest et autour de Qacentina. Dès lors, les Turcs purent en toute quiétude s'approvisionner auprès de leurs alliés. Mais, encore trop faibles pour intervenir directement dans les luttes tribales, ils usèrent d'intrigues et de ruses pour maintenir un état d’esprit favorisant ces luttes bénéfiques à leur présence. Qacentina, connut une succession de beys qui furent pour certains, de grands hommes qui ont laissé des oeuvres impérissables, d'autres ne marquèrent qu'un passage éphémère, d'autres enfin laissèrent des souvenirs qui s'inscrivent dans la légende de personnages bornés et cruels. L'organisation du Beylek L'organisation était basée sur l’arbitraire du chef et la vénalité des charges, incomplète, sans influence directe, sans contrôle, eût été bien faible pour soutenir la politique sanguinaire, mais énergique, des Turcs, et les maintenir dans un pays où leur despotisme leur avait attiré tant de haines, si cette organisation n'avait eu pour puissant levier et pour raison suprême, la force publique, le droit inexorable du sabre. Pour assurer l'action du pouvoir central, des garnisons bien armées étaient stationnées dans les villes sensibles et toutes les voies de communication étaient sous une vigilante surveillance. Le bey était désigné par le dey pour une période indéterminée. Administrativement, il était indépendant. Politiquement, il était tenu de respecter tous les actes politiques édictés par le Dey, non seulement vis à vis des populations locales, mais aussi des puissances étrangères avec lesquelles il était engagé par un traité. Les beys de Qacentina étaient pris tantôt parmi les Turcs habitant la ville, tantôt parmi ceux résidant à Alger ou sur un autre point de la régence.


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