Algérie

La création cinématographique à El Bahia


Domaine de prédilection des jeunes oranais Oran est la deuxième ville africaine après la capitale nigériane Abuja à produire des films amateurs. Dans un climat de disette culturelle, les jeunes oranais n’ont pas cédé le pas. Dans différents domaines, la jeunesse d’El Bahia tente, contre vents et marées, de sauvegarder le label culturel de la ville. La création cinématographique en est le domaine de prédilection. El Bahia, «ville somnambule et frénétique», comme la décrivait Albert Camus dans son récit «la halte d’Oran ou le minotaure», est l’avenir du 7ème art algérien.Les jeunes oranais ont continué à apprécier l’effet magique de l’image, de reproduire un semblant effet de réalité qui ponctue leurs espérances dans une société en mutations perpétuelles. Le théâtre qui constitue la fierté de la ville est, semble-t-il, pour quelque chose pour cet engouement infaillible. Sortis du néant, de jeunes autodidactes armés de caméras se sont pris en main et ont investi leurs connaissances basiques de l’art de la mise en scène et leur maigre pécule pour sortir des films. Des moyens et longs métrages qui retracent généralement la vie de tous les jours, en mêlant les vieilles recettes du passé aux nouvelles exigences d’aujourd’hui, ont alors vu le jour. S’inspirant des maximes du théâtre algérien de feu Bachtarzi et du comique et de la transcendance du martyr de la ville Alloula et autres. Ces films ont directement suscité un vif entichement de la part du public, toujours prêt à encourager les défis les plus incertains. Mêlant le mélodrame au comique avec une sauce de morale, ces films faits maison, si bien reçus par le public, ont été malheureusement honnis par les intellectuels locaux. Et seul un universitaire, qui a toujours été fasciné par cette «para culture» underground qui émane des effluves de la rue et de ses paradoxes; il s’agit de Hadj Méliani, le co-auteur d’un livre sur l’histoire de la musique Raï, professeur à l’ILE d’Oran et actuellement commissaire du festival du raï. Selon ses affirmations, la ville d’Oran est la deuxième ville africaine, après la capitale nigériane Abuja à sortir ce genre de films. En l’espace d’un lustre, les films produits in situ se comptent par dizaines. Toutes les facettes de la personnalité algérienne ont été visitées. Des vices les plus perfides aux vertus les plus encensées, toutes les invraisemblances typiquement algériennes sont mises sur pellicules. Pour donner des leçons? Non. C’est pour dire la vérité nue et sans ambages. L’ironie n’est pas mince, si on met en dérision les profils de ceux qui se placent comme des barrages fixant à toutes les bonnes volontés besognant à promouvoir notre pays, répondront avec une candeur touchante les apprentis metteurs en scène. Houari, Samir et les autres sont, sans exagération aucune, les précurseurs d’un art en gestation aux tréfonds de l’âme oranaise. Malgré le fait que le marché de ces films soit éreinté par le piratage, les expériences continuent car le plaisir l’emporte sur le pécuniaire. Certains acteurs et actrices promus par ce nouveau genre «barbare», comme se plaisent à l’appeler certains, ont eu des expériences enrichissantes en tournant dans des productions télévisuelles algéroises. Leur notoriété a également dépassé les frontières du pays grâce aux émigrés algériens. Désormais, dans les souks de Paris/Barbès, de Toulouse, de Lyon, de Marseille, de Bruxelles, d’Amsterdam, et même au Québec, ces films sont vendus sous format VCD et attisent aussi la curiosité des autres communautés arabes en exil, a-t-on appris. M. Benachour
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