Algérie

La craie bleue d'Abderrahmane Naceur, (Nouvelles) - Éditions ANEP, Alger, 2003



Espoir et résistance

Les éditions ANEP, avec le concours du commissariat général de l’Année de l’Algérie en France, vient d’éditer un recueil de nouvelles intitulé La craie bleue de Abderrahmane Naceur. L’auteur nous livre ici six nouvelles agréables à la lecture dans un style dépouillé, qui emprunte à la gouaille et à la réminiscence autobiographique.

Les récits sont dans une succession chronologique sciemment charpentée et les histoires, même si elles apparaissent comme indépendantes les unes des autres, qu’elles soient entières et se suffisent à elles-mêmes selon le principe brechtien, il n’empêche qu’un fil conducteur y assure une sorte de fonction, une interdépendance, une harmonie de kaléidoscope.
Dans “Le retour”, le condamné à mort, libéré à l’indépendance, voit son drame décupler et fondre dans un drame collectif, national. Naceur, le dit simplement dans un ton alerte, celui des humbles gens “noyés dans le désespoir mais qui résistent et nous enseignent ce qu’est l’espoir”. La seconde nouvelle “Les dockers” est un hymne aux luttes et à l’engagement patriotique de cette classe ouvrière. Grève, répression, mais surtout trahison et corruption sur les quais du port d’Alger, des années 1970. “Ainsi donc, à chaque marche, c’est le mur du mépris qui se fissure un peu plus, ce sont les fondations de ce mur qui sont ébranlées. Et de grève interdite en grève interdite, viendra le séisme qui détruira définitivement le mur dressé entre l’espoir et les hommes.” Chez Naceur, le réalisme cède le pas volontiers à l’absurde et à la dérision. Jeux de mots et verticille de symboles pour dire La craie bleue, pour dire la folie et libérer l’imaginaire jusqu’à la prémonition.
La hantise de La craie bleue est peinte par des éclairages successifs des bouts de traumatismes qui s’accumulent et mènent au suicide. La vraisemblance des personnages et leur crédibilité les rendent encore plus pathétiques, plus attachants, plus humains. “Ahmed, ce mélomane qui savoure El-Hadj El-Anka et Brel, qui s’abreuve des vers de Jean Sénac, mort assassiné, et de Moufdi Zakaria banni de sa patrie et mort en exil qui souffre avec Dostoïevski et chante avec Nazim Hikmet. Ahmed l’humain est vaincu par le temps et sa complice, la maladie.”
Dans “L’agression” c’est le campus de Bab-Ezzouar qui fait l’objet d’une descente punitive. La violence gagne le pays, on bastonne les étudiantes et on assassine la culture et la science. Le livre se termine par une histoire surréaliste. Un détenu d’opinion adopte à la fenêtre de sa cellule un petit moineau qui deviendra son confident, l’idéal qu’on bâillonne et qu’on torture s’élève alors au-delà des murs, des fils barbelés et des miradors dans un message bouleversant. Abderrahmane Naceur est un poète qui s’ignore, un rêveur doublé d’un tendre humanisme. A lire et à faire lire. Absolument.


salut ca va la famille les enfants de frantiére
mustapha naceur - etudiant - sidi lahcen sidi bel abbes, Algérie

10/12/2010 - 9110

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