La course vers l'abîme se poursuit. Défiée des toutes parts, l'autoritépolitique s'affaiblit de jour en jour, alors que les incidents, isolés ou non, se multiplient, faisant des morts et des blessés. À Sawiri, dans la Békaa-Ouest, à Ersal, dans la Békaa et au Akkar, on a dénombré hier huit morts et bien plus de blessés, dans des incidents apparemment isolés. C'est tout naturel dans un pays surarmé, en termes d'armes individuelles, où chaque règlement de comptes peut finir en fusillade.Certes, on ne peut reprocher au chef de l'Etat et à ses invités d'assister, comme ils l'ont fait hier soir, à un concert de Noël donné à Baabda par Joumana Medawar et des «Petits Chanteurs de Saint-Marc», mais on ne peut s'empêcher non plus de relever le contraste entre un pays où gicle tous les jours la boue et le sang, et un autre où le champagne circule dans une atmosphère polie et pleine de mondanités.S'il le pouvait, peut-être que Hassan Nasrallah se serait joint aux invités, mais il lui faudrait d'abord sortir de la clandestinité, ensuite ouvrir la porte qu'il vient de claquer non seulement en face des autres, mais aussi sur lui-même, avec un «point à la ligne» menaçant qui est peut-être un bluff... mais dont personne n'est prêt à relever le défi, au cas où il ne le serait pas.Dans cette situation, qu'ont pu se dire hier, au sujet de la possibilité de former un nouveau gouvernement, le chef de l'Etat, le général Michel Sleiman, et le Premier ministre désigné, Tammam Salam, d'une part, et le patriarchemaronite Béchara Raï, venu en soirée à Baabda, d'autre part ' Comment sortir du cercle vicieux, quand aucun des joueurs sur la scène interne n'est vraiment libre de ses décisions et doit coordonner son action interne avec une partie qui se joue sur le plan régional, dont les enjeux dépassent notre petit pays ' Comment former ce cabinet «neutre» sans qu'il ne paraisse être un «cabinet de fait accompli» ' Comment mettre au service du Liban tant de brillantes personnalités qui ne demandent qu'à le servir, mais qui sont incapables de forcer la porte verrouillée de la scène politique 'BalancierFace à des positions aussi fossilisées que le sont celles du 14 et du 8 Mars, le PSP continue d'essayer de jouer les balanciers. C'est ainsi qu'en bon député de la Békaa-Ouest, Waël Abou Faour a passé sa journée à éteindre le feu d'une amorce de discorde à Sawiri, entre chiites de la famille Chouman et sunnites de la famille Janbein, tout en admettant que des voyous, eux, cherchaient à attiser les flammes, ce qui va dans le sens de la désintégration qui affecte le pays, à mesure que se relâche l'autorité politique, sous les défis qui lui sont lancés, à commencer par un Hezbollah passé maître dans l'art de l'intimidation.C'est en effet le temps des extrêmes, des excès, comme le montre bien ledernier en date des discours du sayyed, dont les défis appellent des défis en retour, bloquant tout retour en arrière et figeant le pays dans une impasse politique mortelle qui affecte, à ce jour, le gouvernement et le Parlement, enattendant qu'elle en vienne aussi, peut-être, à torpiller la présidence dela République. Sachant par ailleurs que la discorde sociale, la criminalité ne sont qu'un petit défi comparé à celui, bien plus grave par ses conséquences, du terrorisme salafiste, qui, pas plus tard que dimanche 15 décembre, a frappé à Saïda et, pour la première fois, l'armée libanaise, et dont certains redoutent l'extension à des espaces politiques encore plus larges, comme le prouvent ces transports de troupes grondant aux abords des grands «malls». Des mesures de sécurité exceptionnelles auraient été prises, en effet, par les FSI et l'armée, pour la période des fêtes, par crainte d'attentats terroristes.Un rôle à la France 'Le salut viendrait-il de Paris ' C'est ce qu'affirment des sources informées, qui affirment que la gestion des échéances libanaises aurait été confiée par lacommunauté européenne et occidentale en général à la diplomatie française,qui aurait formé à cette fin une «cellule de crise».Il reste que la France devra nécessairement coordonner son action avec d'autres Etats ayant leur mot à dire au Liban, comme la Syrie, l'Iran ou encore l'Arabie saoudite. Avec ce dernier pays, ce sera probablement fait lors de la visite que doit effectuer le président Hollande dans le royaume wahhabite, les 29 et 30 janvier 2014.L'engagement du Hezbollah en Syrie, lui, est considéré d'un mauvais ?il par la communauté internationale, comme l'a bien montré hier Elmar Brok, président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen. M. Brok, d'un ton agacé, s'est dit samedi «mécontent»(«unhappy») du discours prononcé la veille par le secrétaire général du Hezbollah concernant la formation du gouvernement. Les observateurs ont noté que c'est la première fois qu'un responsable occidental critique si ouvertement et sans détour le Hezbollah lors d'une visite au Liban. Comment ce mécontentement se traduirait-il sur la scène locale ' Reste à voir.F.N.In L'Orient le jour
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Posté Le : 23/12/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Fady Noun
Source : www.latribune-online.com