Pour survivre dans l'anarchie urbaine qui s'est installée dans ce bled, il faut courir tel un forcené du matin au soir pour essayer de relier les deux extrêmes de la malvie.
Une chronique collée à ce territoire pris en otage par le slogan populiste «par le peuple et pour le peuple». Toute notre vie nous courons après le pain et ses accessoires. Notre existence ici sur cette terre d'asile est accrochée aux courses et à la course-poursuite. Des signes avant-coureurs l'ont déjà prédit depuis le départ. Nous sommes le peuple des courses. On court derrière le temps pour être à temps si ce n'est pour le rattraper. Mais en réalité, c'est faux, le temps court plus vite que nous et on ne pourra jamais le rattraper. Et seule la mort rattrape son retard. On est pris en otage par le temps. Courir pour se nourrir sinon, c'est périr. Je cours, tu cours, il court, nous courons, vous courez, ils c… . Ah ! Les veinards ! Eux, ils ne courent pas ! On court pour eux. Nous sommes leurs chevaux de course. Ils parient gros sur notre course pour se remplir les poches. Ce sont des parieurs chanceux, le temps et les vents leur sont favorables. Notre vie est un parcours plein d'embûches et d'obstacles pour les plus fragiles d'entre nous. On dit que la vie appartient à ceux qui se lèvent tôt le matin pour la saisir avant les autres. Le dormeur, il faut le couvrir ! Cours mon frère ! Prends tes jambes à ton cou et compte sur le bon Dieu ! Walah, mes frères, depuis le matin je suis en train de courir derrière mes papiers ! Je n'ai laissé aucun endroit. La miri, daïra, sbitar, la bolice, dar ch'raa, el-bosta … Ouf ! Je vais m'arrêter quelques instants pour souffler et récupérer mes esprits, juste le temps de me remettre chouïa. Et dare-dare, je reprends mon parcours qui n'est pas encore fini. Et tant que la vie est là, il faut courir pour que la mort ne nous rattrape pas. Il faut essayer de la tromper, sinon elle nous la coupe court. L'honnêteté et la sagesse doivent courir et concourir rudement contre la bureaucratie oppressante pour encaisser les salaires, payer les factures, soigner les malades et faire valoir ses droits à la dignité… Et encore ' Sinon on te coupe les vivres et tout ce qui va avec... Notre destin dans ce bled reste tracé dans une seule discipline. La course ! Les 24 heures du Mans et le grand marathon de New York à l'algérienne. L'arrivée, ce n'est pas pour bientôt. «Telhag-houm» ! Il n'y aura jamais d'arrivée ! Les commissaires de la course veillent au bon déroulement de l'épreuve. Il ne faut pas chicaner. Autrement, tu auras des bobos. Comme quoi rien ne sert de courir, il faut partir à point…. Adel
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Posté Le : 23/05/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Soir d'Algérie
Source : www.lesoirdalgerie.com