Algérie

«La course au pouvoir s'est engagée bien avant l'indépendance» Le commandant Azzedine au forum de Liberté



19 mars 1962. Cette date, qui coïncide avec le 51e anniversaire de la fête de la victoire sur le colonialisme français et la signature des Accords d'Evian, rappelle aussi de très mauvais souvenirs de l'histoire de l'Algérie indépendante.
Il s'agit de la barbarie de l'OAS et de la guerre fratricide qui a opposé des Algériens pour une question de pouvoir. C'est cet épisode, qui continue de susciter la polémique, que vient de rappeler, en cette date anniversaire, Rabah Zerari, dit le commandant Azzedine, son nom de guerre. Invité hier du forum du quotidien Liberté, cette grande figure de la guerre de Libération nationale ne cache pas ses sentiments d'amertume. Non seulement à cause des événements ayant suivi le cessez-le-feu du 19 mars 1962, mais surtout pour l'ostracisme qui a frappé ses compagnons de la Zone autonome d'Alger (ZAA) avec qui il a affronté les hordes de l'OAS pour libérer la capitale. Et ce, pour une seule et unique raison : avoir été du côté de la légitimité du Gouvernement provisoire (GPRA) et du Conseil national de la révolution (CNRA). Il se pose toujours des questions sur les tenants et les aboutissants de cette exclusion de valeureux combattants ayant refusé de «poursuivre la guerre contre leurs propres concitoyens après le cessez-le-feu». Acteur de premier plan, baroudeur et témoin, gênant pour ceux qui ont substitué à la légitimité politique celle des armes, le commandant Azzedine se souvient de tous les détails et même de tous les noms de ses compagnons de lutte.
«L'indépendance avait mal démarré»
Il se souvient, en particulier, d'une date-clé : le 27 juillet 1962. Alors que la France officielle a reconnu l'indépendance de l'Algérie et Alger a été libéré des éléments de l'OAS qui semait la terreur parmi les populations, une nouvelle guerre venait de commencer. Téléguidée par Boumediène et Ben Bella et menée sur le terrain par Yacef Saâdi, cette dernière est dirigée contre les combattants de la ZAA. «J'ai toujours refusé qu'on tire sur des Algériens. Mais notre position en faveur du GPRA et du CNRA nous a créé des ennuis. Nous nous sommes mis sur le dos l'état-major de l'ALN, la Wilaya IV, Boumediène et Ben Bella. Ces derniers ont envoyé Yacef Saâdi qui était alors à Tlemcen, muni de tous les moyens, pour nous déclarer la guerre. Conséquence : le sang des Algériens a énormément coulé à La Casbah», regrette-t-il.
Et de demander : «Pourquoi ' Qu'est-ce qu'il y a à libérer après le 5 Juillet '» Si Azzedine déplore, dans la foulée, l'exclusion des responsables de la ZAA de toutes les institutions. «Dans la première Assemblée, toutes les wilayas, la fédération de France et le MALG avaient eu leurs quotas. Seule la ZAA est gommée. Jusqu'à aujourd'hui, nous ne sommes pas représentés au niveau de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM)», dit-il.
L'orateur revient dans ce sens sur la course au pouvoir engagée, bien avant l'indépendance, par certains responsables de la Révolution à l'extérieur, dont Ben Bella et Boumediène. «Quand il y a eu le clash entre l'état-major et le GPRA sur l'affaire du pilote d'un avion français abattu à Tunis, j'ai posé une question à Boumediène : ''Qu'est-ce qu'on va faire si le GPRA décide de nous couper les vivres ''' Sa réponse m'a surpris. Il m'a dit qu'il avait 5 milliards. J'ai compris alors qu'il se préparait à prendre le pouvoir», dit-il. Revenant longuement sur la crise de l'été 1962 et l'organisation problématique de la réunion du CNRA en Libye, le commandant Azzedine affirme que «l'indépendance de l'Algérie a mal démarré». «Pourquoi ne pas tenir cette réunion en Algérie, alors que le premier CNRA a été organisé à la Soummam en pleine période colonialiste ' S'il avait eu lieu en Algérie, cela nous aurait permis de réunir toutes les forces et sortir avec un gouvernement d'union nationale», explique-t-il. Invité à s'exprimer sur la crise qui couve au sein du FLN actuellement, l'orateur rétorque : «Pour moi, le FLN est mort dans la lutte pour la libération nationale. Je ne peux pas comparer le FLN d'hier qui a fait la révolution et au FLN d'aujourd'hui qui est corrompu.»


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