Algérie

La course à la présidentielle est lancée au Nigeria



Le président nigérian, Muhammadfu Buhari, candidat pour un second mandat, a ouvert la course à la présidentielle de 2019«J'ai décidé d'être candidat»: la bombe lancée cette semaine par Muhammadu Buhari, quelques minutes avant de s'envoler pour le Royaume-Uni, a lancé pour de bon la course à la présidentielle de 2019 au Nigeria... où les prétendants au fauteuil sont nombreux.
L'élection dans le pays le plus peuplé d'Afrique (180 millions d'habitants), poids lourd économique du continent, sera particulièrement scrutée, quatre ans après la victoire historique de l'ancien général, premier opposant de l'histoire du pays à battre un président sortant, Goodluck Jonathan, dans les urnes. Si l'annonce de Buhari n'a pas surpris les Nigérians, elle suscite des réactions mitigées, notamment au sein du parti au pouvoir, le All progressive Congress (APC), où son bilan économique et sécuritaire est critiqué, et au sein duquel il pourrait affronter des rivaux de taille lors de la primaire prévue en août 2018. «Je pense que la direction de l'APC préfèrerait une situation où le titulaire hérite de la nomination du parti sans hostilité», analyse le politologue Chris Ngwodo. «Mais tout laisse à penser qu'il y aura beaucoup plus de concurrence qu'en 2015». La question de la capacité physique de Buhari, 75 ans, à gérer le pays reste un tabou: affaibli l'an dernier par une longue maladie, il a alimenté les suspicions lundi, en partant à Londres - officiellement pour préparer une rencontre du Commonwealth - où il s'était déjà fait soigner pendant plusieurs mois en 2017. Son leadership est en outre contesté par une nouvelle génération de cinquantenaires ambitieux, originaires comme lui du nord du pays, qui possèdent dans leur région une forte assise populaire. C'est le cas notamment de Rabiu Kwankwaso, l'ancien gouverneur de Kano, la grande ville du nord, ou de l'actuel gouverneur de Sokoto, Aminu Tambuwal, qui ne se sont pas encore publiquement prononcé, bien que des affiches à leur effigie fleurissent depuis peu dans les grands centres urbains du pays. Certains prêtent également des ambitions au puissant président du Sénat, Bukola Saraki, même si son entourage a catégoriquement démenti qu'il irait aux primaires. Pour s'imposer, le président, qui conserve une forte influence dans le nord majoritairement musulman et haoussa, ne pourra pas se passer du soutien de la région sud-ouest, fief des Yorouba, dans un pays où le vote reste largement déterminé par l'appartenance ethnique ou religieuse.
Sa visite fin mars à Lagos, la capitale économique - la première depuis le début de son mandat - n'est pas un hasard.
Et sa participation à l'anniversaire de Bola Tinubu, ancien gouverneur de Lagos surnommé le «faiseur de roi», qui avait largement contribué à sa victoire en 2015, l'est encore moins. «L'alliance avec Tinubu est absolument vitale pour Buhari», note Chris Ngwodo. Pour Tinubu et la frange dominante de l'APC, Muhammadu Buhari n'est peut-être pas le candidat idéal, mais le choix le moins risqué pour battre le principal parti d'opposition, le People's Democratic Party (PDP): personne d'autre ne fait en effet consensus, dit Amaka Anku, analyste Afrique au cabinet de conseil Eurasia group. De son côté, le PDP, qui fut au pouvoir pendant 16 ans, peine lui aussi à faire émerger un candidat naturel, à moins d'un an de l'échéance cruciale. Lui aussi miné par les divisions internes, il peut en outre difficilement se prévaloir de son bilan, entaché par de multiples scandales de corruption, qu'il s'agisse des présidences d'Olusegun Obasanjo (1999-2007) ou de Goodluck Jonathan (2010-2015). «Le PDP est une marque abîmée», estimait lundi dans une tribune l'analyste politique Saheed Animashaun, estimant qu'il avait «lamentablement échoué à mettre le Nigeria sur la voie du redressement socio-économique». Parmi les candidats déclarés, l'ancien vice-président Atiku Abubakar, qui a claqué la porte de l'APC en décembre, semble pour l'instant le mieux placé pour l'emporter. Il a souvent changé de parti, mais les allers-retours entre les deux principales formations sont courantes au Nigeria: «on peut s'attendre à d'autres défections importantes au sein de l'APC (...) certains pourraient rejoindre le PDP pour assouvir leurs ambitions», souligne d'ailleurs Chris Ngwodo.


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