Algérie

La courgette supplante la prospérité



Comme d'habitude, tous les ingrédients de la célébration de l'Aïd El Adha à l'algérienne sont là : les prix des moutons restent élevés, des produits agricoles atteignant des niveaux intolérables et les commerçants qui crient à qui veut les entendre que c'est le ‘'souk'' qui est responsable de la hausse soudaine et vertigineuse des prix durant la semaine qui précède les jours de fêtes religieuses. En fait, ce serait une véritable jérémiade que de répéter, à l'infini, que les prix des produits de large consommation, agricoles et agro-industriels, montent en flèche en pareilles périodes. Non, le fond du problème n'est pas tant que les prix du mouton montent chaque année, alors que le taux d'inflation réel est de plus de 5%, que l'inflation importée grève lourdement le budget des ménages et l'économie nationale ; ni que l'indice des prix à la consommation soit orienté à la hausse. A certains moments, et hormis ces sempiternels PV réprimant souvent de pauvres bougres pour défaut de registre de commerce, la sphère commerciale nationale paraît sans pilote et navigue à vue d''il. Certes, la loi de l'offre et la demande, invoquée par les responsables du secteur pour se ‘'voiler la face'' devant des épiphénomènes ahurissants, existe, encore faut-il qu'elle soit respectée dans beaucoup de situations. Ainsi, comment expliquer cette brusque surchauffe de certains produits agricoles très prisés pour les repas de l'Aïd, comme la courgette, le navet ou la pomme de terre et les tomates ' La mercuriale des prix à la veille de l'Aïd est que le prix des courgettes est de 120 dinars, 70 DA pour la tomate ou 65 dinars pour la pomme de terre. A quoi attribuer donc cette folie qui s'empare des prix des produits agricoles et de large consommation ' Ceci au moment où le porte-monnaie des ménagères subit une drastique cure d'amaigrissement avec des hausses en cascades autant pour les tarifs des services, les vêtements et les frais divers ; outre le remboursement de prêts bancaires pour l'achat de l'appartement ou la maison familiale. Bien sûr, il faut se féliciter de la disponibilité de produits, même si souvent la qualité laisse à désirer, de la diversité également de ces produits, qu'ils soient agricoles, industriels ou de services. Même si la croissance nationale reste débridée et faussée par les hydrocarbures, elle est de plus de 6% annuellement, mais reste, dans tous les cas de figure, à aligner avec le coût de la vie qui, lui, suit la même courbe ascendante. Or, pour que le citoyen puisse dire que son niveau de vie s'est amélioré, il faut que la courbe des prix des produits de consommation soit inversée, de la hausse vers la baisse, et celle de la croissance résolument orientée vers la hausse. Pour atteindre en fait un réel niveau de développement économique. Après, le respect des prix des produits de large consommation ne sera plus un gros souci pour tous. Y arriverons-nous un jour à cet état de prospérité économique idyllique'


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