La Cour suprême, qui siège à Tripoli, ajoute à la crise libyenne. Contre toute attente, les « sages » ont décidé, jeudi dernier, d'invalider le Parlement. Ils ont aussi décidé de déclarer nulles et non avenues toutes les décisions qu'il a prises depuis son élection en juin dernier. Le Parlement, qui siège à Tobrouk depuis son installation le 4 août dernier, rejette globalement et dans le détail ce « verdict » qui conforte Fajr Libya et Ansar al Chariaâ, les maîtres de Tripoli qui pourraient bientôt annoncer leur ralliement à Daech, et qui ne désespèrent de conquérir Benghazi, la deuxième ville du pays. L'Assemblée, reconnue par la « communauté internationale », estime que cette décision a été prise « sous la menace des armes ». Elle affirme dans une déclaration diffusée par la chaîne Libya Awalan qu'elle continue ses travaux, de même pour le gouvernement qui en est issu. Précision des députés libyens qui rappellent aux « sages » qu'ils sont « arrivés au pouvoir grâce à des élections libres et crédibles qui traduisent la volonté du peuple libyen » et que la Cour suprême a le pouvoir de « statuer sur les lois et non sur la Constitution elle-même ». « La Chambre des représentants refuse le verdict (...) et affirme qu'elle continue ses travaux, de même pour le gouvernement qui en est issu », indique le Parlement dans un communiqué, soulignant que « Tripoli, où siège la Cour suprême, est une ville hors contrôle et gouvernée par des milices hors la loi ». Kamal Al-Dahan, le président de la Cour, a ses arguments. Il affirme qu'il s'est prononcé sur un recours d'Abderraouf al-Manai, qui boycotte, comme d'autres élus, le Parlement. Il a argué que celui-ci n'a pas respecté la Constitution qui stipule que la Chambre doit siéger à Benghazi, à 1.000 km à l'est de Tripoli. Ce député a accusé, avec d'autres députés islamistes, le Parlement d'avoir outrepassé ses prérogatives quand il a appelé en août dernier à une intervention étrangère. Autre motif avancé : la commission de la Chambre qui a préparé les élections de juin a violé la Constitution provisoire du pays en ne respectant pas le quorum. Selon l'analyste Fraj Najm, la décision de la Cour, qui pourrait mettre dans l'embarras la « communauté internationale », donne la « légitimité » au Parlement sortant, le Congrès général national, dominé par Fajr Libya, qui reprend de facto le pouvoir législatif et un « certain crédit » à la demande formulée par Omar al-Hassi, le chef du gouvernement autoproclamé, à savoir l'organisation de nouvelles élections législatives, indispensables, selon lui, pour mettre fin à l'anarchie actuelle et à l'existence de deux parlements et deux gouvernements. Aboubaker Buera, le doyen de la Chambre, veut une réunion des leaders de la Cyrénaïque, la région orientale. « Nous allons probablement annoncer un gouvernement et un Parlement séparés. Nous ne pouvons pas travailler avec de tels criminels, ce sera donc un Etat indépendant. Si le Sud veut nous rejoindre, nous pourrons créer une nouvelle Libye et laisser Misrata et Tripoli seules », a-t-il déclaré. Sur le terrain, la violence fait rage, notamment à Benghazi où les forces loyales au général Khalifa Haftar et au gouvernement d'al-Theni mènent une nouvelle offensive depuis la mi-octobre pour reconquérir cette ville tombée en juillet dernier aux mains des forces de Fajr Libya et Ansar al Chariaâ.
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Posté Le : 07/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djamel Boukrine
Source : www.horizons-dz.com