Algérie

La COP25 adopte un accord a minima à Madrid



Au rythme actuel des émissions de CO2, le mercure pourrait gagner jusqu'à 4 ou 5°C d'ici la fin du siècle. Et même si les quelque 200 signataires de l'Accord de Paris respectent leurs engagements, le réchauffement pourrait dépasser les 3°C.La conférence climat de l'ONU qui s'est terminée hier n'a pas été à la hauteur de l'urgence climatique, adoptant un accord a minima sans s'entendre sur des points essentiels en raison des réticences de certains Etats. Au terme de deux semaines de négociations difficiles, la conférence organisée à Madrid a échoué à trouver un accord sur les règles des marchés carbone internationaux, dernier volet du manuel d'utilisation de l'Accord de Paris de 2015.
Pour cette COP25 présidée par le Chili, mais délocalisée à Madrid en raison de la crise qui frappe le pays d'Amérique du Sud, les 200 signataires de l'Accord de Paris étaient sous pression. Mais au terme de cette conférence qui a débordé de plus de 40 heures son programme initial, tout le monde n'a pas vu dans les textes adoptés dimanche le reflet de cette demande d'actions radicales et immédiates.
Le texte final appelle effectivement à des "actions urgentes" pour réduire l'écart entre les engagements et les objectifs de l'accord de Paris de limiter le réchauffement à +2°C, voire +1,5°C. "Mais le langage est tortueux et le résultat médiocre", a estimé Catherine Abreu, du Climate Action Network.
"Les principaux acteurs dont on espérait des avancées n'ont pas répondu aux attentes", a déclaré Laurence Tubiana, architecte de l'Accord de Paris, notant toutefois que "l'alliance des Etats insulaires, européens, africains et latino-américains avait permis d'arracher le moins mauvais résultat possible, contre la volonté des grands pollueurs."
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit déçu hier par la COP25, regrettant une importante occasion ratée après l'adoption par la conférence d'un accord a minima sur le climat. "La communauté internationale a perdu une occasion importante de faire preuve d'une ambition plus grande, en matière d'atténuation, d'adaptation et de financement face à la crise climatique", a-t-il déploré.
Le premier texte sur les ambitions, présenté samedi par la présidence chilienne, avait provoqué une levée de boucliers de beaucoup d'Etats, forçant à un nouveau round de consultations. "Aujourd'hui, les citoyens du monde nous demandent d'aller plus vite et mieux, que ce soit en matière de finances, d'adaptation, de réduction des émissions", a déclaré la ministre chilienne de l'Environnement, Carolina Schmidt.
"Ces discussions reflètent le décalage entre les dirigeants d'un côté et l'urgence montrée par la science et les demandes des citoyens dans les rues", résume Helen Mountford, du think tank World Resources Institute, estimant que "l'esprit de l'Accord de Paris n'était plus qu'un lointain souvenir". Les deux semaines de discussions ont mis en pleine lumière une division flagrante au sein de la communauté internationale en matière d'ambition.

R. I./Agences


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