L'enseignement de tamazight doit être généralisé et revêtir un caractère obligatoire.La polémique soulevée concernant la graphie de transcription de la langue amazighe, et qui a, faut-il le souligner, mobilisé notamment des adeptes des caractères arabes, a fait réagir la Coordination nationale des enseignants de tamazight (Cnet). Cette organisation qui vient emboîter le pas au réseau Awal, des écrivains et chercheurs en tamazight dans les Aurès a plaidé pour les caractères latins. Dans une déclaration rendue publique, la Cnet estime qu'"il n'y a pas de lien intrinsèque entre une langue et l'alphabet qui lui sert de support", ajoutant que "considérant qu'une pratique séculaire faite d'efforts de grammaticalisation, normalisation/standardisation a abouti à une tradition scripturaire établie et quasi stabilisée", la Cnet "est de l'avis des spécialistes ayant traité la question scientifiquement et loin de l'idéologie et réitère son engagement le plus absolu en faveur de la graphie latine, seule graphie efficiente à même de venir à bout de la variation en langue amazighe". Dans le même ordre d'idées, la Cnet dénonce ce qu'elle appelle "le fossé qui s'est creusé entre le discours officiel et pompeux sur la question et la gestion réelle sur le terrain qui renseigne sur une situation lamentable", déplorant "l'existence de foyers d'hostilité au fait amazigh", qui se manifestent "à travers leurs relais arabo-islamistes pour entretenir l'amalgame entre la langue amazighe et la graphie utilisée pour sa notation". Aussi dénonce-t-elle "les multiples man?uvres de ce courant ayant combattu tamazight des années durant, qui manipulent l'opinion nationale sur le terrain de la graphie et entretiennent la supercherie quant au prétendu rapport entre la graphie, la langue et la religion". La Coordination s'étonne, par ailleurs, "de l'attitude attentiste et effacée des autorités devant des expressions franchement racistes et attentatoires à l'amazighité", dans une allusion aux propos de la députée Naïma Salhi. Concernant l'enseignement de cette langue et le projet de sa généralisation "conformément à son statut de langue officielle", la Cnet considère qu'il "devrait être un projet intégré et se traduire par la prise en considération de tous les domaines de la vie de la société, comme les différents paliers de l'enseignement, de la communication, de la justice...". La déclaration ajoute que sa généralisation "devant être précédée d'un aménagement linguistique nécessaire et suffisant" doit prendre en ligne de compte "les plans pédagogique et géographique". Ainsi, la Coordination nationale des enseignants en langue amazighe exige que l'enseignement de tamazight "soit une réalité partout et pour tous, à partir du préscolaire, avec l'intégration de tamazight comme épreuve à l'examen d'accès en première année du collège".
Pour y aboutir, la Coordination plaide pour la mise à jour de la loi d'orientation sur l'éducation nationale n°08-04 du 23 janvier 2008, afin, d'abord, "de mettre un terme au caractère facultatif de cet enseignement", et, ensuite, "pour que son enseignement revête un caractère obligatoire". La Coordination considère, en effet, que la généralisation de l'enseignement butera sur le problème du statut de cet enseignement tant que le caractère facultatif est toujours maintenu.
Tout en se félicitant des derniers développements que connaît la question amazighe avec, notamment, la reconnaissance de Yennayer, la Coordination appelle "l'ensemble des militants, des sympathisants et des acteurs sur le terrain à la vigilance sur les risques de détournement du combat".
Mohamed Mouloudj
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Posté Le : 21/02/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Mouloudj
Source : www.liberte-algerie.com