Algérie

La conteuse qui fouine dans le terroir jusque dans le Hoggar



La conteuse qui fouine dans le terroir jusque dans le Hoggar
En 1992, c'est à la fois proche et lointain. Là où le déclic l'a prise à bras le corps pour l'envelopper suffisamment pour étendre ce voile patrimonial à d'autres personnes, à d'autres populations... En tout cas, elle a su en faire œuvre utile et les rapporter non pas dans un article pour le journal qui l'emploie, elle qui travaille en freelance au gré des commandes des différents médias en France, mais en confectionner de beaux ouvrages illustrés. Et ce marge de ses pérégrinations, et de la chaire où elle enseigne à l'université de Metz, elle a eu cette belle idée d'annoter ce qui a été et est encore une belle chevauchée à l'intérieur des traditions orales, cueillies au gré des rencontres nombreuses cumulées dans son sac en bandoulière. Elle se propose de les traduire après les avoir transcrites dans la langue d'origine afin de toucher plusieurs lecteurs et amateurs du conte. La journaliste, plutôt, aujourd'hui, conteuse que reporter, Véronique Lagny Delatour partage, depuis, ses différents coups de c'ur avec qui veut avoir des émotions d'un temps que l'on croyait révolu, parce que la sagesse n'est plus ce principe qui guide nos pas. Le conte a alors toute sa portée identitaire, culturelle, civilisationnelle et humanitaire tel que nous le donne à lire l'auteur. Un auteur parti constamment à la cueillette d'émotions sans destinations spatio-temporelles. Comme si l'espace appartenait à tout le monde et que le temps était suspendu entre deux voyages. Grâce au recueil de ces histoires contées généralement par des femmes sinon exclusivement, s'offre au lecteur une diversité de contes colorés, extraordinaires et singuliers. Et comme ses déplacements l'ont conduite aussi dans notre pays, elle a ainsi fouiné dans les contrées lointaines de l'Algérie profonde pour en extraire le suc de la culture orale, elle qui a été sublimée par la façon qu'ont ces femmes du Grand Sud, notamment, qui la fascine tant, de raconter des contes qui subjuguent les enfants. Elle garde, elle aussi, en elle, toujours, cette partie de l'enfance qui ne veut pas déloger d'elle, puisque et c'est visible dans son regard clair, allumé par une sorte de joie enfantine et une curiosité ébahie naïvement exhibée lorsqu'elle conte ce qu'elle a eu à écouter attentivement, de ceux qui ont bien voulu jalousement quand même laisser imprimer une part de leur patrimoine, parce qu'ils y voient là une pérennité de plus en plus menacée par une disparition certaine au vu de ces nouvelles technologies qui se répandent comme une traînée de poudre au bout du monde, y compris au fin fond de l'Algérie. Elle, avec cette spontanéité qui la particularise et cette dextérité dans l'écriture, s'est empressée de porter noir sur blanc ce qu'elle recueille encore et encore de ce qu'elle sait écouter, emportée par cette magie en laquelle seuls les enfants savent y croire et plonger toute oreille, toute ouïe. Ecrire donc, plutôt transcrire et sauvegarder. D'une écriture, une double vocation. Belle à regarder, à écouter, à lire et à conserver aussi. Puisque c'est toute une série d'ouvrages faits de contes hétéroclites venus d'abord du Liban, où son aventure a commencé, puis d'Algérie où elle continue sur sa lancée, du Grand Sud, vers les Oasis puis les portes du Sahara, Ghardaïa, et pour l'année prochaine, la Kabylie... une très belle aventure dans laquelle s'enlise confortablement Véronique qui ne songe pas à arrêter puisque la pensée ne l'en a jamais effleurée. Et puis, pourquoi donc arrêter en si bon chemin, lorsque de Chine, de Serbie, de Turquie, de Roumanie, du Liban et d'Algérie, nous parviennent des sonorités enchanteresses et parfumées d'exotisme mais d'instructions aussi. Que l'on aime à lire d'autant que le français côtoie allègrement le chinois, le roumain, le turc, le serbo-croate, l'arabe, le touareg, en ce qui concerne l'Algérie, en attendant d'autres parlers de nos régions... le tout livré en double signature, celle de Véronique Lagny Delatour et de son conteur ! Et une autre magie prend ! Bon vent Véronique.




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