Algérie

La connaissance du passé rendu vivant et présent, où la trouve-t-on ?



La connaissance du passé rendu vivant et présent, où la trouve-t-on ?
La connaissance du passé rendu vivant et présent, où la trouve-t-on ? Eh bien, avant tout, dans la littérature ! Et là est à mes yeux la merveille. On la trouve dans les textes français et étrangers, modernes ou anciens.

Aussi cela me paraît-il une erreur très grave que de se représenter l’enseignement de la littérature comme une espèce d’élégance superflue et gratuite. En fait, c’est grâce à la littérature que se forme presque toute notre idée de la vie ; le détour par les textes conduit directement à la formation de l’homme.

Ils nous apportent les analyses et les idées, mais aussi les images, les personnages, les mythes, et les rêves qui se sont succédé dans l’esprit des hommes : ils nous ont un jour émus parce qu’ils étaient exprimés ou décrits avec force ; et c’est de cette expérience que se nourrit la nôtre.

Je sais bien que la plupart des jeunes n’y auront accès que dans les petites classes et sous une forme simple ; mais une fable de La Fontaine, c’est déjà mieux que rien.

Tout compte si le contact avec les textes est direct. Il apporte alors aux jeunes ce qu’ils n’auraient jamais trouvé dans le cadre nécessairement limité de leur expérience propre.

Là aussi, cependant, l’urgence de la réussite immédiate vient un peu brouiller les choses et trop de méthodes pédagogiques invitent l’élève à résumer le texte avec ses propres mots, lui ôtant ainsi sa force même.

L’ idéal de l’enseignement serait que le professeur puisse établir ce contact direct avec les textes, tous les textes qu’il a à faire connaître, sans écran, sans obstacle, pour que naisse cet élan, à peine conscient, d’indignation ou de ferveur qui, peu à peu, forme notre être intérieur.

Au Ve siècle avant J.-C., le maître Protagoras disait, dans Platon, que les jeunes Athéniens avaient intérêt à lire Homère, car ils y puiseraient des modèles de vie héroïque qui devaient leur donner envie de les imiter.

Nous n’allons pas tout à fait jusque là aujourd’hui et nous ne souhaitons pas tant une trop grande diffusion de l’héroïsme ; mais il reste que, dans leur diversité même, chacun des textes donne accès à une pensée et à une époque ; et, passant par l’émotion, des impressions s’inscrivent de façon plus ou moins consciente mais durable dans les esprits. Et souvent, cela reste.

Cela peut même faire resurgir des œuvres nouvelles, nourries de lointains souvenirs scolaires – ainsi, pour les souvenirs grecs, avec Giraudoux, ou Sartre, ou tant d’autres. Mais cela reste aussi dans nos vies, comme des trésors cachés, accompagnés d’une idée précieuse pour notre temps, celle de la beauté.


Jacqueline de Romilly.
Enseignement et éducation.


Jean Mosnier.
Allégorie de la littérature et de la lecture.
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