Algérie

"La confusion confirme la décomposition des institutions"



L'instruction de la Présidence enjoignant au Premier ministre Ahmed Ouyahia d'annuler ses décisions concernant les privatisations d'entreprises publiques laisse pantois y compris des partis politiques de l'opposition. "On n'a rien compris !", réplique, en effet, Lakhdar Benkhelaf, porte-parole du parti islamiste El-Adala, pour qui une telle décision, intervenant quelque temps après l'annulation de la décision prise par le même Ouyahia, concernant les autorisations pour le montage des véhicules, dénote de la fragilité, sinon de la décomposition des institutions de l'Etat. Cela, dit-il, confirme, on ne peut mieux, que le pouvoir de décision est "réparti sur plusieurs centres".Contacté hier par téléphone, le porte-parole du parti d'Abdellah Djaballah se déclare davantage ahuri que ces décisions et contre-décisions soient prises par de hauts responsables se réclamant tous du programme de Bouteflika. "Tout le monde parle au non du programme du président de la République et que les décisions sont prises en application à ce programme, mais les mêmes décisions sont aussitôt remises en cause et non du même programme !", a commenté M. Benkhelaf qui regrette que les préoccupations des responsables soient, aujourd'hui, "toutes liées à la présidentielle de 2019". Il se demande, de ce fait, "à qui doit-on faire confiance '". Pour le porte-parole d'El-Adala, "l'heure est grave !" et seule la construction de véritables institutions évitera le pire au pays. "Il faut penser à construire, en urgence, de véritables institutions étatiques et l'organisation d'élections transparentes et démocratiques si l'on veut sauver le pays d'une dérive certaine", a-t-il préconisé. Même son de cloche chez le chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazzak Makri, qui réclame, également, la construction des institutions "fortes, transparentes et démocratiques". "La priorité dans ce pays est de construire des institutions législatives, exécutives et juridiques, fortes, transparentes et démocratiques basées sur la légitimité populaire et de trouver une classe politique indépendante puisant sa légitimité de sa base militante et de ses programmes, la construction d'une société civile libre, active et positive, ainsi que des médias guidés par la conscience professionnelle", écrit sur sa page Facebook le chef du MSP.
Pour M. Makri, la confusion née autour de la problématique du partenariat public-privé (PPP), décidé en tripartite puis gelé sur instruction de la Présidence, pose en réalité un problème de prérogatives en haut lieu. Ce qui, regrette-t-il, augmente la confusion sur la situation générale du pays. M. Makri juge, par ailleurs, que "le problème ne réside pas dans le principe d'ouvrir le capital des entreprises publiques non stratégiques, mais plutôt dans la transparence, l'équité, l'efficacité économique et l'égalité des chances, mais aussi et surtout dans les risques de la formation, ou plutôt de l'élargissement des réseaux mafieux influents dont l'Algérie souffrira pour longtemps", a-t-il commenté.
Farid Abdeladim


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