Algérie

La Conférence d'urgence contre l'ingérence étrangère et nos démocrates La rencontre a été occultée, minimisée ou critiquée



La Conférence d'urgence contre l'ingérence étrangère et nos démocrates                                    La rencontre a été occultée, minimisée ou critiquée
Photo : M. Hacène
Par Mohamed Bouhamidi
Jetez un coup d''il sur l'ensemble des titres de notre presse locale parue entre le 10 et le 14 décembre. Dans certains titres, de langue arabe ou française, qui se prennent pour des leaders d'opinion pas un mot sur la Conférence d'urgence contre l'ingérence étrangère. Personne dans la profession ne peut réduire à un néant la présence de cent sept (107) délégations étrangères venues du monde entier, sauf l'Australie. Cette attitude est bien sûr un message très fort qu'aucun devoir d'informer ni aucune déontologie ne pourra les tenir à leurs obligations envers leurs lecteurs. Nous avons eu ainsi la traduction locale, claire et sans ambages que des médias sont passés à l'ordre de bataille. D'autres titres qui appartiennent au même arc ultra libéral ont couvert mais en raillant. Ils n'ont pas raillé dans des commentaires ou des chroniques ' ils ne se sont pas privés de le faire 'mais dans le corps même de l'article. Même attitude de mobilisation idéologique contre cette conférence. On s'aperçoit aussi que c'est une mobilisation contre le langage. Certains mots donnent de l'urticaire à ces médias. Il en est ainsi des concepts d'impérialisme et de capitalisme. On les comprend très bien. Ces mots viennent troubler l'ordre du monde en vogue depuis la chute du mur de Berlin : le classement de notre monde en démocraties et en dictatures.L'autre attaque contre cette conférence se déploie sur un autre registre. Les chroniqueurs en charge de descendre la conférence désinforment en finesse. Ainsi, le Comité de veille et d'alerte est transformé en «comité de vigilance local». Le comité né de cette conférence est un comité international. Il se compose de toutes les délégations et organisations présentes à cette conférence. Il a pour mission d'alerter dès maintenant les opinions publiques, qui comptent encore un peu, des menaces qui pèsent sur l'Algérie. Dans le texte il s'agit des menaces qui pèsent sur tous les Etats nationaux. Même les pays européens, aujourd'hui qu'on viole ouvertement la souveraineté de leurs peuples en les mettant sous tutelle de Goldman Sachs. Ils mentent délibérément ceux qui accusent Louisa Hanoune de parler de «comité de vigilance» dans le style des milices ventrues et essoufflées qui parasitent le rôle de l'Etat et la vie des simples gens. Et ils veulent railler, détruire la proposition politique de mobiliser les opinions contre les guerres et rabaisser l'exploit d'avoir réussi en ces temps de crise et de matraquage médiatique impérialiste de rassembler cent sept délégations ouvrières et syndicales. C'est un résultat extraordinairement positif que des militants du monde entier montent la garde autour de l'Algérie. Même le plus imbécile des services et le plus attardé des espions aura compris que ce comité international s'est surtout donné pour but de mobiliser contre une ingérence ou une agression contre l'Algérie. Chaque participant a pu mesurer combien notre guerre de libération continue de peser et de susciter respect, admiration et adhésion.À côté de cette réduction de la portée de cette conférence, la presse de l'arc ultra libéral a ressorti ce qu'elle considère comme l'argument massue : seule la démocratie peut nous prémunir de l'ingérence étrangère. Voici un des meilleurs exemples que vous pouvez trouver dans cette presse : «En temps de paix comme en temps troubles, le seul comité de veille effectif, efficace et dissuasif est celui de la démocratie. Des choix de politiques économiques et de politique étrangère soutenus par une adhésion populaire librement exprimée, c'est cela qui donne naissance au seul comité de veille et de vigilance qui vaille.».Il faudra en convaincre le peuple grec, en particulier, et, demain, les peuples européens en général. En toute démocratie et au vu et au su de tous, Sarkozy et Merkel ont pu l'empêcher de se prononcer sur son propre sort. Les dirigeants européens qui ont décidé de modifier le Traité Européen, en dépit des votes contraires de leurs peuples, c'est encore le bouclier démocratique contre l'ingérence.Il reste à voir cette histoire de bouclier démocratique et d'Etat démocratique pour nos propres peuples. Cinquante ans ont donc suffi pour faire oublier que nous avons acquis notre indépendance dans une «guerre hallucinante» selon le propos de Frantz fanon dans l'introduction à «L'An V de la Révolution algérienne» et que, contre la France très démocratique, il nous a fallu développer la discipline de fer des peuples en lutte pour leur libération. La même discipline que celle des bataillons militaires aux ordres des élus de France. Sans cette discipline de fer et sans cette «dictature» du peuple en armes contre les supplétifs d'après l'indépendance qui ressuscitent aujourd'hui, notre indépendance serait partie en quenouille : un drapeau sur les mâts et Borgeaud maître sur «ses terres». Faut-il rappeler que c'est l'obstination du colonialisme et sa guerre totale, sa sale guerre avec tueries de masse et tortures qui nous a poussé à une telle discipline et à un tel besoin d'opposer à sa dictature la dictature des groupes dirigeants de l'ALN. Et notre peuple avait accepté cette autorité avec erreurs et sans erreurs des dirigeants de l'ALN même après l'indépendance pour que celle-ci ne soit pas vidée de son contenu. Et son contenu c'était la TERRE. L'alliance peuple/ALN s'est prolongée et approfondie avec l'occupation des terres en 1962. Nous n'avions aucun choix démocratique dans notre lutte pour l'indépendance. Mais, à l'époque, les militants indépendantistes du monde entier savaient que la démocratie formelle, abstraite, était un leurre impérialiste et une coquetterie de la dictature coloniale. A juste titre les militants savaient que les indépendances resteraient sans contenu sans une transformation par la violence des rapports coloniaux. Et ils savaient que le rapport colonial est un rapport de domination. Ne pas traiter cette domination économique et sociale consistait à la perpétuer. La françafrique a fait perdurer cette situation de soumission. Elle n'a pas permis seulement de continuer le pillage colonial, la perpétuation du sous développement, le maintien caché mais pesant de forces armées et des gardes rapprochées des présidents indigènes mais aussi de décider, aujourd'hui, qui doit être ou pas le président selon les intérêts de l'ancienne puissance coloniale. Imaginez vous un seul instant que l'Algérie aurait réussi la nationalisation des hydrocarbures avec une conception de la démocratie représentative ' il faut rappeler avec force que les puissances dominantes avec leurs politiques agressives permanentes, leurs subversions, leur ingérences permanentes qui ont obligé toutes les luttes d'émancipation à prendre ce tour autoritaire et à répondre par l'autorité révolutionnaire à leur dictature impérialiste. Il relève de notre seule histoire interne de stopper les tentations dictatoriales et les dérives corruptrices qui accompagnent toute formation d'une bourgeoisie, chez nous, aujourd'hui, comme hier en Europe, qui accompagne la formation des bourgeoises nationales. C'est encore nous déposséder de notre histoire, des cycles normaux de développement de nos sociétés et de nos Etats que d'en appeler encore et toujours à l'intervention étrangère ou en nous invitant à la naïveté soporifique de croire qu'il suffit de se mettre aux normes de la démocratie représentative pour se prémunir des besoins de spoliation de nos richesses. Et de nous endormir sur des contes de féesEn fait cette presse ne pardonne pas à cette Conférence d'avoir lancé un avertissement ferme aux candidats agresseurs. Cela rendra leur tâche plus difficile. Pour leurs supplétifs du futur Conseil national de transition en Algérie aussi.


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